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ST 9 : Crises et réinstitutionnalisation des politiques sociales

ST 9 : Crises et réinstitutionnalisation des politiques sociales

Organisateurs :

– Bernard Conter, Iweps, b.conter@iweps.be
– Thierry Berthet, Sciences Po Bordeaux, t.berthet@sciencespobordeaux.fr

Section thématique soutenue par le groupe de travail Questions sociales – Conflit social

Crises et réinstitutionnalisation des politiques sociales

Les finalités sous-jacentes des politiques sociales ont fortement évolué et ont été affectées par le tournant néolibéral qu’a connu l’Europe au cours des années 1980 (Jobert, 1996). Les crises économiques des années 1970 ont mis en évidence l’incapacité des États à poursuivre leur objectif initial de plein-emploi et un discours relatif au « caractère contre-productif » des politiques sociales est monté en puissance. Il s’agissait de repenser l’État providence et ses formes de solidarité pour le rendre plus efficace (Rosanvallon, 1995). Le discours sur l’activation des politiques sociales (Barbier, 2002) , largement promu par l’UE et l’OCDE, est ainsi révélateur de cette critique. Il prône un glissement de l’intervention publique des politiques dites passives d’indemnisation vers des politiques actives visant une participation plus rapide ou plus intense au marché du travail. Ce discours a été intégré dans celui plus large sur « l’État social actif » ; il est au cœur de la stratégie européenne pour l’emploi (Conter, 2012). Les politiques communautaires ont ainsi promu l’idée d’une approche intégrée des politiques sociales faisant de la mise en emploi le point axial d’une redéfinition de l’État social.

Les crises économique et financière du tournant de la décennie ont conduit à un renforcement des politiques d’austérité budgétaire qui ont affecté les marges budgétaires des États qui ont parfois réduit fortement leurs dépenses sociales. Nous nous appuyons sur l’hypothèse d’une transformation du référentiel des politiques sociales qui se traduit un glissement des objectifs de démarchandisation et de protection sociale (Esping-Andersen, 1999) vers un impératif de remarchandisation et de compétitivité des entreprises. Ce changement de référentiel amorcé au cours des années 1980 (Jobert, 1994) s’est accéléré à la faveur des crises récentes et d’une intervention plus directive de certaines organisations internationales, en particulier l’Union européenne (Vanhercke, 2011). La section thématique portera sur les politiques de crise dans le domaine social et la manière dont les politiques sociales ont été réinstitutionnalisées en cohérence avec de nouvelles exigences sociétales.. On s’intéressera en particulier aux réformes récentes qui ont accéléré le changement d’objectifs généraux des politiques (changement de paradigme selon Hall, 1993) dans le domaine de l’emploi, faisant par exemple de l’assistance sociale et de l’assurance chômage des outils d’adaptation de la main d’œuvre, de la négociation salariale ou de la formation professionnelle des instruments de soutien à la compétitivité des entreprises. La ST accueillera également des papiers sur d’autres politiques sociales (alphabétisation, politique de la ville, plan habitat permanent) qui ont intégré l’accès à l’emploi au cœur de leur priorité.

Une attention particulière sera portée aux communications abordant les thèmes suivants :

– Le référentiel de la réforme sociale : comment est justifié dans les discours et réformes récentes les transformations des politiques sociales ?
– Le processus d’institutionnalisation d’une approche intégrée des politiques sociales : dans quelle mesure cette notion d’approche intégrée promue par la Commission Européenne trouve une traduction concrète dans les politiques nationales et locales des pays européens ?
– Quels sont les Lobbies et intérêt qui appuient les réformes sociales actuelles ? Dans quelle perspective ?
– Le poids des contraintes des organisations internationales sur les réformes des politiques sociales dans les pays de l’UE.
– La contestation des réformes sociales : quels sont les acteurs vetos qui s’opposent aux réformes sociales, quels sont leurs moyens, quels sont les référentiels alternatifs proposés ?

Intervenants:

Session unique : jeudi 10 avril 2014, 10h00-12h30, salle Moyen Physique, bâtiment A1, 2e étage

– Mara Bisignano,« Crises de l’emploi et reconfigurations des politiques sociales »
– Catherine Bastyns, Anne Godenir, Christine Mainguet, « Institutionnalisation de l’alphabétisation en Belgique francophone : en quoi les politiques d’emploi et la référence à l’employabilité ont-elles modifié le champ ? »
– Mathieu Béraud, Emilie Feriel et Jean-Pascal Higelé, « La continuité dans le changement : l’activation du revenu minimum en France sous le vernis de l’innovation sociale »
– Philippe Hambye et Jean-Louis Siroux, « Travail et travailleurs dans l’enseignement en alternance »
– Renaud Gay et Pierre-André Juven, « Tenir les dépenses de l’assurance maladie » : le tarif comme instrument de gouvernement des hôpitaux »