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L’entrecroisement des rapports de pouvoir

3 décembre 2009

Séminaire co-organisé avec le groupe de travail « Questions sociales – conflit social ».

Certains travaux féministes peuvent être pensés comme étant des travaux précurseurs pour poser la question de l’entrecroisement des divers rapports sociaux de pouvoir présents dans l’organisation de nos sociétés contemporaines. La critique du capitalisme, portée par les divers mouvements ouvriers et syndicaux et des théoriciens académiques, a toujours rencontré beaucoup de problèmes pour aborder et prendre en compte de façon significative, à côté des rapports de pouvoir produits directement par l’appropriation lucrative des moyens de production économiques, ceux qui ne sont pas, ou pas directement, générés par le capitalisme. Les dominations à l’oeuvre sont socialement construites et peuvent avoir comme origine(s) la classe sociale, le genre, la nationalité, la racialisation ou l’ethnicisation des rapports sociaux, l’âge ou la génération, la sexualité, l’appartenance à un groupe politique, culturel, religieux, etc.

Le groupe « Questions sociales-conflit social » de l’ABSP-CF s’intéresse de façon large aux conflits sociaux portés par des acteurs collectifs qui sont en lutte contre les effets inégalitaires engendrés par les diverses dominations subies et qui, par leurs luttes, revendiquent des droits censés annuler ou amoindrir ces dominations. Il s’intéresse aussi à la façon dont l’État peut relayer ou non ces revendications d’approfondissement démocratique à travers le contenu de ses politiques sociales et la production du droit social. Le groupe « Genre et politique » aborde les usages du genre dans la construction des savoirs politologiques et les apports des études de genre en matière de politique électorale et partisane, de politiques publiques, de théorie politique et de politique comparée. Il s’attache de manière large aux enjeux posés par la recomposition de l’État, de la démocratie, de la citoyenneté et de la représentation à la lumière des fluctuations de frontières entre l’interne et l’externe, entre le privé et le public.

Les débats en cours dans les sciences sociales et politiques (également en philosophie) sont significatifs des difficultés à aborder, scientifiquement ou politiquement parlant, la question des dominations multiples et « enchevêtrées ». N’assisterions-nous pas à un déplacement de l’enjeu de « redistribution des ressources » vers celui de la « reconnaissance », qui prendrait appui sur la valorisation de droits individuels et de catégories analytiques centrés sur « l’identité », la « communauté » et les « différences » culturelles, de genre ou ethniques, dans un contexte général de rétrécissement des droits matériels collectifs ? À l’inverse, considérer que les revendications basées sur le genre, sur la racialisation ou l’ethnicisation des rapports sociaux, ou sur tout autre élément n’ayant pas trait à la classe sociale, relèvent de différences individuelles et privées plutôt que d’inégalités collectives et publiques ne reviendrait-il pas à noyer les rapports sociaux de pouvoir existant entre les « hommes/blancs/hétérosexuels/en pleine possession de leurs capacités physiques et mentales/de culture chrétienne » et les « autres » dans un collectif prétendument neutre ? Cela ne reviendrait-il pas à nier ou à invisibiliser la complexité des rapports de pouvoir au profit d’une domination basée exclusivement sur des rapports de production capitaliste ?

Ce 3 décembre 2009, des chercheur-e-s réfléchiront à la question de l’imbrication de diverses dominations à l’oeuvre dans leurs terrains de recherche particuliers. Si plusieurs auteur-e-s ont déjà développé des outils théoriques et conceptuels à cet égard, il est néanmoins important d’approfondir cette question à partir de l’examen et la confrontation de terrains de recherche diversifiés.