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Section thématique : L’Université face au Covid 19: adaptations ou résistances à de nouvelles pratiques universitaires ?

8ème Congrès de l’Association belge francophone de science politique

9ème Congrès des associations francophones de science politique

SciencePo ULB, Bruxelles, 7-9 avril 2021

Appel à communications

Section thématique : L’Université face au Covid 19: adaptations ou résistances à de nouvelles pratiques universitaires?

Coordination scientifique : Christine Guionnet (Université de Rennes), Céline Parotte (ULiège), Muriel Sacco (ULB) et François Debras (ULiège)

Argumentaire scientifique

L’épidémie Covid 19 et les mesures de confinement ont plongé les universités dans l’inconnu. Les pratiques de recherche, d’enseignement et de service à la collectivité de l’Université ont été bousculées, modifiées tantôt dans le chaos, tantôt de manière ordonnée. Elles ont été l’objet d’initiatives individuelles et spontanées ou se sont parfois très vite institutionnalisées, imposées au Professeur, au chercheur, à l’étudiant[1].

Visant la continuité pédagogique et scientifique, les autorités académiques de nombreux pays ont mobilisé massivement les outils numériques présentant autant d’avantages que de défis pour l’enseignant.e et le/la chercheur.e. Avec de notables différences en fonction du genre[2], du statut ou disciplinaire, ces activités se sont adaptées. De agendas de recherche se sont focalisés rapidement sur la gestion de crise pour produire des données directement utilisables tandis que certaines recherches en cours ont modifié leur protocole grâce aux solutions numériques (notamment en matière de collecte de données). Par ailleurs, les scientifiques sont devenus des acteurs clefs de la scène médiatique, en intervenant régulièrement sur la gestion de crise et de ce régime d’exception (Bouhon et al. 2020). Par le biais de tribunes, ils ont interpellé le citoyen sur les oubliés et les impensés de la gestion de crise[3], déconstruit les modèles imposés  (Moulin 2020), diversifié l’expertise et suggéré des alternatives possibles de sortie de crise  (Claisse 2020, Latour 2020, Langois 2020)[4].

Pour autant, ces adaptations immédiates à un choc exogène et inattendu (bien que prévisible – voir Thiry et al. 2020) recèlent également une série de formes de résistances aux cibles multiples : résistances aux modèles imposés par les autorités publiques, résistances face aux technologies numériques, résistances dans sa manière de mener sa recherche autrement.

Ainsi, la crise Covid 19 a engendré ou exacerbé une série de difficultés transformant de facto les pratiques d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité. Plus que passer ces difficultés sous silence, cet appel vise au contraire à les rendre visible pour mieux comprendre comment, à l’instar de Guionnet et Rétif (2015), elles peuvent être des ressources productives pour étudier les adaptations et transformations à court et moyen terme du métier de chercheur et d’enseignant à l’Université en période de crise et de post-crise, mais aussi pour ce qu’elles nous disent sur notre terrain de recherche et notre rapport à celui-ci.

Les questions suivantes permettent d’analyser les réponses de l’Université face à la crise du Covid 19 :

  • Quelles difficultés ont été rencontrées les membres de la Communauté universitaire durant cette crise ? Ces difficultés et ces adaptations ont-elles été vécues de manière identique selon le genre, l’appartenance statutaire ou disciplinaire?
  • Comment les membres de la Communauté universitaire ont-ils adapté, transformé ou conservé leurs pratiques d’enseignement, de recherche et de service à la collectivité pour faire face à ces difficultés ? Comment ces choix posés ont-ils modifié la manière de travailler du chercheur, de l’enseignant ?
  • Comment ces difficultés et les adaptations ou les résistances adoptées ont-elles modifié l’objet même de recherche, d’enseignement ou du service à la collectivité ?
  • Finalement, que nous disent les difficultés rencontrées sur notre métier de chercheur.e et d’enseignant.e ? Sur nos terrains, nos méthodes de recherche ?

Pour examiner ce moment inédit, il importe d’adopter une posture réflexive sur les expériences vécues ou collectées. Pour paraphraser Jasanoff et Joly (2019), il invite ainsi à penser les pratiques de l’Université et la Science en société, au sein et d’au-delà d’une société du risque (Jasanoff, Joly 2019). Selon Revel (2002), « la résistance est la possibilité de creuser des espaces de luttes et de ménager des possibilités de transformations partout ».

Mots clés

Posture de chercheur.e et enseignant, méthodes sciences politiques, épistémologies, résistances, adaptations, crises.

Appel à communications

Cette section thématique s’intéresse aux difficultés rencontrées et aux pratiques transformées, adaptées ou maintenues touchant à trois missions de l’Université : l’enseignement, la recherche et le service à la collectivité. C’est pourquoi trois axes seront développés dans cet appel :

  • Quelle a été ma posture de chercheur.e, de Professeur.e, d’étudiant.e au sein d’une société en crise, et d’une société post-crise ? Il s’agit de questionner l’engagement du chercheur, du Professeur (Callon 1999, Thoreau 2013) durant cette période sur l’enseignement, la recherche ou le service à la collectivité. Quels rôles ont-ils joué sur la scène médiatique ? Comment communiquer de manière scientifique en période de crise, sur quels sujets? Faut-il communiquer ou au contraire, faut-il envisager une « cure de silence » (Lachenal 2020)?
  • Quels types de méthodes d’enseignement, quels types de support donné ou reçu est à privilégier pour mes étudiants dans ce type de situation inédite, selon quels supports ? Le changement de support n’est pas neutre, il produit des effets de traduction (Callon 1986 ; Callon, Lascoumes et Barthe 2001). Le tout numérique doit-il devenir pérenne ? Les canaux numériques sont ainsi susceptibles de produire de nouvelles façons de représenter les phénomènes sociaux et politiques (Ollion et Boelaert, 2015 ; Courmont, 2018).
  • Comment mes pratiques de recherche se sont-elles trouvées modifiées en période de crise ? Pourquoi ? La production de savoirs scientifiques, son contexte, ses limites sont particulièrement intéressants à décortiquer également. Il s’agit de questionner la manière dont on collecte des données en période de crise, en « terrain miné » (Albera 2011). Mais aussi d’analyser ce que, finalement, les difficultés rencontrées peuvent nous dire sur nos terrains, nos objets, nos méthodes.

Plus particulièrement, nous invitons chaque soumissionnaire à identifier les difficultés rencontrées, à questionner les pratiques universitaires en période de crise et de post-crise et à s’interroger sur les effets à court terme et moyen terme sur l’objet de recherche, d’enseignement ou de service à la collectivité choisi ainsi que sur la manière de travailler.  Le/la soumissionnaire est également invité à inclure, s’il le désire, une perspective selon le genre, l’appartenance statutaire ou disciplinaire et une dimension comparative internationale.

Modalités pratiques 

Les propositions de communications comprendront 500 mots environ, sans compter la bibliographie. Elles sont attendues pour le 1er octobre 2020 par courriel à l’adresse des coordinateur.trice.s de cette session thématique :

[1] Par exemple, sur le plan institutionnel, l’Université de Laval invite sa communauté à intégrer le  mouvement « je transforme » l’éducation, la recherche mon Université https://nouvelles.ulaval.ca/vie-universitaire/covid-19-nos-experts-dans-les-medias-595ac6dcd39b6319de9dff14b1588bee?sourceOrganizationKey=ulaval, site consulté le 27 mai 2020. Le Centre de recherches GIGA, de l’Université de Liège a organisé de manière spontanée un protocole de déconfinement de manière participative (Parotte et al. 2020).

[2] Fazackerley, Anna, “Women’s research plummets during lockdown – but articles form men increase”, The Guardian, Tuesday 12 May 2020, disponible sur le site :https://www.theguardian.com/education/2020/may/12/womens-research-plummets-during-lockdown-but-articles-from-men-increase?CMP=share_btn_fb&fbclid=IwAR2VCFgVn0CvxoMUUHqJdynkPj7ineJVtlRNws2DRj0Z-iq78JaDw8F1b34; Collectif de 35 femmes scientifiques, « Women in science are battling both Covid-19 and the patriarchy”, Times Higher Education, 15th May 2020, disponible sur le site: https://www.timeshighereducation.com/blog/women-science-are-battling-both-covid-19-and-patriarchy?fbclid=IwAR108939rn-DLOMLcHYG2ch99ZJx7KGOdjlpu6T3QasPwMcsajdRHzPEsGo

[3] Carta Academica a réuni 123 chercheur.e.s et produit 50 contributions pour diversifier l’expertise existante et démontrer la contribution des sciences humaines à la gestion de cette crise : https://www.cartaacademica.org/covid-exit, site consulté le 28 mai 2020. Il y a également eu la très remarquée carte blanche « Travail : Démocratiser. Démarchandiser. Dépolluer » signée par plus de 3000 chercheurs issus de 600 universités du monde entier

[4] En France, par exemple, voir les analyses et les opinions sur Analyse Opinion Critique (AOC) et The Conversation dans les sections « Covid 19 ».  En Belgique, sur l’ensemble des cartes blanches proposées par les chercheurs de l’Université de Liège dans les quotidiens du pays, Belgique, voir https://www.news.uliege.be/cms/c_11672310/fr/covid-19-la-revue-de-presse-de-l-uliege, site consulté le 27 mai 2020. Au Canada, par exemple, voir les opinions d’experts de l’Université de Laval dans les médias https://nouvelles.ulaval.ca/vie-universitaire/covid-19-nos-experts-dans-les-medias-595ac6dcd39b6319de9dff14b1588bee?sourceOrganizationKey=ulaval , site consulté le 27 mai 2020.