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› L’armée française face aux nouvelles blessures de guerre : la réorganisation du Service de Santé des Armées autour des notions de blessure psychique et de « stress post-traumatique »
L’armée française face aux nouvelles blessures de guerre : la réorganisation du Service de Santé des Armées autour des notions de blessure psychique et de « stress post-traumatique »
- Dabila, Antony (Université de Lyon – Jean Moulin)
Abstract
Depuis la première Guerre du Golfe en 1991, la France reconnait la blessure psychique comme une blessure à part entière et un motif valable pour une pension d’invalidité. Engagée dans un processus de reconnaissance de l’ « état de stress post-traumatique », son armée a dû adapter son service de santé à cette nouvelle menace, devenue aujourd’hui la principale source de perte, d’évacuation et de réparation, loin devant les blessures physiques. Le stress post-traumatique représente donc un triple défi pour les forces armées françaises, à la fois opérationnel, sanitaire et financier.
Cependant, la prise en charge efficace de ce syndrome, seulement reconnu par la profession psychiatrique en 1980 (et toujours âprement contesté) et pour lequel aucun traitement n’est complètement efficace, posa de nombreux problèmes d’application et fit entrer les services sanitaires de l’armée française dans ce que l’on peut qualifier de véritable crise. L’institutionnalisation fut donc une expérimentation, en raison de l’absence de procédures valides et de moyens de traiter le problème de manière standardisée et efficace. La doctrine de la guerre « zéro mort », accompagnée du refus de voir les soldats atteints psychologiquement et « traumatisés » au point de ne plus être en mesure de mener une vie normale, entraina ainsi une profonde remise en question des méthodes de la prise en charge psychologique, dont la résolution conditionnerait la réussite des « opération extérieures », leur maintien à un coût acceptable et leur acceptation par l’opinion publique. Sur le terrain, une gestion efficace des cas particuliers et une détection plus précoce des premiers symptômes pourrait améliorer l’endurance des unités dans des milieux particulièrement hostiles et accroitre la liberté d’action tactique très difficile à garder face à des guérillas mobiles et parfaitement adaptées au terrain.
L’urgence de disposer de dispositifs sanitaires nouveaux s’est ainsi faite ressentir dès les premiers engagements contre l’armée de Saddam Hussein, mais n’a pas entrainé dans l’immédiat de réorganisation massive. Malgré l’engagement d’une réflexion après les premières expérimentations et l’envoi de psychiatres auprès des troupes (Irak, Bosnie, Rwanda), il fallut attendre l’engagement français en Afghanistan à partir de 2001 pour voir de réelles avancées. Plus précisément, l’épisode de l’embuscade d’Uzbeen, ayant causé la mort de dix soldats français et marquant « la redécouverte de la haute intensité » dans le combat, provoqua un choc et une prise de conscience des états-majors et au ministère de la Défense.
C’est cette réforme qui sera le cœur de notre intervention, ont conduit à changer de manière très sensible la répartition des tâches et des pouvoirs dans le domaine de la santé psychique des armées. Devenu enjeu majeur des affrontements armés, il fut nécessaire de de transformer à la fois le niveau de centralisation des décisions, le découpage de responsabilités entre médecins et militaires, redéfinir les juridictions propres de chacun des services concernés et enfin améliorer les procédures de retour d’expérience. Crise de longue durée face à un phénomène mal compris et concentrant de nombreux préjugés, cette réforme de longue haleine questionne au plus haut degré la capacité de l’Etat à se réformer et à adopter de nouvelles procédures face à des phénomènes nouveaux ou auxquels il n’était plus nécessaire d’être préparé. De la réponse à cette crise dépend en effet pour une part la capacité d’un Etat comme la France à poursuivre sa projection de force vers l’extérieur et donc à peser diplomatiquement, tout en maintenant le coût humain, financier et politique de ces interventions dans des limites acceptables par ses citoyens.
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