L’Etat face à la gouvernance des crises environnementales en Afrique Centrale: Entre « dédifférenciation » et transformation de l’Etat

• Toukea, Dieudonné (Université de Douala-Cameroun)

Abstract

Les données relatives à la dégradation de l’environnement dans le monde sont légions. L’Afrique centrale,  loin d’être à l’abri, a connu d’importantes crises environnementales dont les effets sont perceptibles dans les domaines environnemental, économique et social. Face à cela, des acteurs multiples et hétérogènes conjuguent depuis plusieurs décennies, leurs efforts pour lutter contre ces menaces environnementales. Dans cette gouvernance environnementale, de nombreux acteurs locaux notamment les collectivités locales, les ONG locales, les jeunes, les femmes, les peuples autochtones, investissent non seulement la scène environnementale locale, mais aussi et surtout -et eu égard à leurs nombreux besoins et problèmes locaux-, la scène environnementale internationale. Leur émergence sur la scène internationale, les amènent non seulement à peser sur le cours des évènements internationaux dans le domaine environnemental, mais aussi et surtout à s’ériger comme des acteurs en compétition avec l’Etat^[1]. D’où l’intérêt de s’interroger sur l’impact des actions de ces acteurs transnationaux  sur la  souveraineté « verte »^[2] de l’Etat, c’est-à-dire le monopole étatique dans la gestion de l’environnement. Cela nous amènera à analyser comment  à travers un processus de « dédifférenciation »[3], les flux transnationaux entrainent la perte progressive du monopole de l’Etat dans la gestion de l’environnement, d’une part ; et d’autre part comment, face aux velléités de mise en crise des constituants classiques de sa souveraineté, l’Etat organise lui-même sa résistance, se transforme en adoptant des « attitudes offensives et défensives »[4] pour réguler ces flux transnationaux.

Texte de la communication

[1] Arnold WOLFERS, « The Actors in World Politics », in Discord and Collaboration: Essays in International Politics, Baltimore, Johns Hopkins Press, 1962, p. 33.

[2] Karen LITFIN, (ed.), The Greening of Sovereignty in World Politics, Cambridge, The Mit Press, 1998.

[3] Patrick HASSENTEUFEL, Sociologie politique : l’action publique, Paris, Armand Collin, 2011, p. 289.

[4] Bertrand BADIE, La fin des territoires, Essai sur le désordre international et sur l’utilité sociale du respect, Paris, Fayard, 1995, p. 142.