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Quand la compétition électorale détermine la disproportionnalité : bonus majoritaire et élections régionales en France et en Italie

  • Bedock, Camille (ULB)

Abstract

Ce papier s’attache à montrer comment une analyse agrégée, comparative et longitudinale des élections combinée aux méthodes statistiques contribue à mieux comprendre les effets des systèmes électoraux dits complexes. Il est désormais fermement établi que les systèmes partisans contribuent à façonner les systèmes électoraux (Rokkan, 1970, Boix, 1999, Colomer, 2005, Benoit, 2007) autant que les systèmes électoraux façonnent les systèmes partisans. Les analyses récentes portant spécifiquement sur le niveau de disproportionnalité ont progressivement intégré les systèmes électoraux « complexes » (Bedock, Sauger, 2014, Farrell, Katz, 2014, Ferrara et al. 2005, Moser et Scheiner, 2004). Pour autant, les contributions existantes ne s’intéressent pas à la capacité de la structure de la compétition électorale à affecter de manière potentiellement très importante le degré de distorsion votes/sièges. Comment les caractéristiques de la compétition électorale peuvent-elles, dans certaines conditions, avoir un effet drastique sur le niveau de disproportionnalité enregistré ?

Ce papier se penche sur les élections régionales en France et en Italie. Ces deux cas présentent un intérêt tout particulier pour étudier cette question : tout d’abord, ils utilisent un système électoral atypique qui implique l’attribution d’un large bonus majoritaire à la coalition arrivée en tête. Ensuite, les deux pays sont caractérisés par une compétition électorale fragmentée, structurée précédemment autour de deux grands pôles ou deux grands partis en perte de vitesse du fait de l’émergence ou de l’affirmation récente d’un troisième pôle puissant (FN et Mouvement Cinq Etoiles).

Le papier, après avoir décrit les conséquences anticipées dans la littérature des systèmes mixtes sur la disproportionnalité en général, formule deux hypothèses portant respectivement sur l’effet du troisième pôle puis sur le degré de compétitivité de la « course » entre les deux coalitions principales sur la disproportionnalité seront présentées. Après une présentation des principales statistiques descriptives sur l’évolution des caractéristiques de la compétition électorale aux régionales en France et en Italie, une régression OLS permettra de confirmer l’effet indépendant et conjoint de la force du troisième pôle et de la compétitivité sur le niveau de disproportionnalité enregistré.