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›  Se faire une place face aux inspections « qui ont fait le ministère » : autonomisation, spécialisation et diversification des fonctions d’inspection administrative au ministère de la Culture français. Le cas l’inspection générale des affaires culturelles (1959-2015)

Se faire une place face aux inspections « qui ont fait le ministère » : autonomisation, spécialisation et diversification des fonctions d’inspection administrative au ministère de la Culture français. Le cas l’inspection générale des affaires culturelles (1959-2015)

  • Demonteil, Marion (Université Paris Dauphine)

Abstract

En offrant au contrôle une place centrale dans le fonctionnement de l’administration, les réformes issues du new management ont fait émerger des fonctions nouvelles, offrant de nouveaux champs à investir pour certains groupes professionnels de la fonction publique[1]. L’objet de cette communication est de s’interroger sur la manière dont ces réformes ont modifié les périmètres d’action des différents corps d’inspection d’une administration en particulier : le ministère de la Culture français[2]. Autrement dit : quels ont été les usages de ces réformes au cours des années 1990 et, plus spécifiquement, comment ont-ils permis un repositionnement des fonctions d’inspection administrative au sein du ministère ? Pour cela, nous nous attachons à un service spécifique : l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC).

A partir d’un travail d’archives sur la période 1959-2015 et d’entretiens, nous développons une argumentation en trois points. Nous montrons d’abord la lente autonomisation des fonctions d’inspection générale, entre 1959 et 1990, période au cours de laquelle les premiers inspecteurs assumaient dans les faits des fonctions opérationnelles. Grâce à une ethnographie des rapports d’inspection (échantillon de 100 rapports), nous traitons ensuite de la manière dont l’IGAC a massivement investi les fonctions de contrôle au cours des années 1990 en systématisant des visites de plus en plus standardisées dans les services déconcentrés. Véritable stratégie de service, cette évolution visait à définir un rôle spécifique et légitime à l’IGAC. Enfin, nous nous arrêtons sur le tournant des années 2000 et l’abandon revendiqué des fonctions de contrôle au profit de celles d’évaluation. L’étude qualitative et quantitative des rapports d’inspection permettant d’interroger le caractère rhétorique de ce tournant. Les méthodes ayant dans les fait très peu changé et la typologie contrôle/évaluation/conseil s’avérant, ici, essentiellement formelle.

[1] Bezes, Philippe, et Didier Demazière. 2011. « Introduction ». In Dossier-débat: New Public Management et professions dans l’État: au-delà des oppositions, quelles recompositions?, par Philippe Bezes, Didier Demazière, Thomas Le Bianic, Catherine Paradeise, Romuald Normand, Daniel Benamouzig, Frédéric Pierru, et Julia Evetts, 53:293–348. Paris.

[2] Le ministère de la Culture a la spécificité de compter une grande variété d’inspections. Depuis 2009, suite à la réorganisation du ministère, leur nombre a été réduit à quatre : l’inspection générale des Affaires culturelles, l’inspection générale des Bibliothèques (mise à disposition par le ministère de l’Education nationale), et deux inspections directoriales : l’inspection des Patrimoines et l’inspection de la Création artistique.