La nouvelle régionalisation à ses débuts : bi-sites ou « jeux des chaises musicales » dans les institutions régionales de Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées

• Prigoana Liana (Université de Bucarest Roumanie et UT1 Capitole Toulouse France)
• Iugulescu Lestrade Raluca (IEP Toulouse, UT1 Toulouse France, LaSSP, ea 4175)

Abstract

La loi Notre de 2015 recompose les régions françaises. Même s’il s’agit des régions qui ne modifient pas leurs contours, de nouveaux territoires réunissent des régions plus petites  (Brière, Vugdalic). La nouvelle régionalisation est l’occasion de réadapter les institutions régionales pour les calibrer à la nouvelle échelle.

S’il est du devoir du chercheur de questionner le devenir de ces grandes régions et leur future identité (Cardy) d’institutions (Nay) démocratiques, peu de travaux s’attachent aux rapports organisationnels et institutionnels concrets qui se déroulent dans ce jeu de recomposition (Cassese et Wright, Le Galès et Vézinat) des administrations régionales. Une nouvelle régionalisation est l’occasion de questionner les conditions de stabilité interne des dispositifs institutionnels régionaux, à géométrie variable ou, autrement dit, de s’intéresser aux conditions de l’avènement de ces nouveaux espaces régionaux : quel accueil leur réservent les agents? Quelles représentations suscitent-elles ?

Nous proposons, à travers deux exemples, l’agence régionale de santé (ARS) et la Direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l’emploi (DIRECCTE), de surprendre ces changements d’échelle de l’action régionale sous la forme d’organisations en bi-sites en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. À l’heure de ces réajustements, ce papier se demande en quoi les ARS et les DIRECCTE éclairent une nouvelle régionalisation problématique regardée sur l’angle des jeux de pouvoir. Il propose un éclairage par une analyse micro-sociologique (entretiens menés dans le cadre de deux thèses en science politique) et l’étude de discours des agents (Goffman). Souvent perçue comme étant insufflée par l’européanisation (Keating), la régionalisation peut prendre, examinée « par le bas » (Pasquier), la forme d’un mouvement centripète transformant la région en centre de pouvoir (Pierru, Rolland) ou bien d’un espace qui peine à définir ses nouvelles limites. Les mises en discours que cette régionalisation suscite en entretiens, éclairent des transformations institutionnelles plus ou moins visibles, induites par ce processus que l’on pourrait qualifier de re-régionalisation ou re-territorialisation (Béal, Epstein, Pinson) des politiques, dimensions qui restent à éclairer par la science politique et notamment par la sociologie politique : gains ou perte de pouvoir, redistribution de postes, ou, au contraire, formes d’abandon des positions.