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Zina SO., « Crise en Côte d’Ivoire et échec des thérapies proposées » (ST 18)

Zina SO., « Crise en Côte d’Ivoire et échec des thérapies proposées » (ST 18)

Seydina Ousmane Zina (Université de Liège, Belgique)

Considérée comme un modèle de stabilité et de développement durant les années 1970 et 1980, la Côte d’Ivoire est rentrée à partir de 1990 dans une zone de forte turbulence sur la voie de la construction de son histoire politique et économique. Ebranlée au départ par la crise économique des années 1980 qui étouffait son modèle de développement basé sur une économie de plantation (le miracle ivoirien des années 1970), la Côte d’Ivoire sera par la suite secouée par les revendications démocratiques (multipartisme) du début des années 1990. Ces évènements, en dépit de leur influence dans le repositionnement des rapports de forces politiques et économiques dans la Côte d’Ivoire post-guerre froide, ne réussiront à affaiblir la sacralisation de la paix portée par le président Félix Houphouët Boigny. Mais, à la mort de ce dernier en 1993, le pays rompra progressivement avec cette stabilité légendaire. De 1993 à 2010, la Côte d’Ivoire expérimentera des « crises », regroupées à travers l’expression, finalement, galvaudée de « crise ivoirienne ». Durant plus d’une décennie, s’est construit à la fois dans la littérature scientifique et dans l’imaginaire populaire ivoirien, un vocabulaire de crise : « crise politique », « crise identitaire », « crise ethnique », « crise de la jeunesse », « crise militaire », « crise constitutionnelle », « crise militaro-politique » et « crise post- électorale ».

Face à ces « crises » qui se retrouvent pour définir le problème ivoirien, différentes solutions à la fois nationales et internationales ont été proposées. C’est l’exemple du forum de réconciliation nationale de 2001, des accords de Linas-Marcoussis de 2003 et de l’accord politique de Ouagadougou de 2007. Généralement présentées sous la forme de compromis, ces thérapies ont été « tuées » par la méfiance des acteurs politiques. Chacun voulant maîtriser son terrain économique, politique et idéologique sans trahir les exigences des bases populaires qui sous-tendent les luttes respectives.

Partant de cela, nous défendrons dans le cadre de cette communication, la thèse suivante : L’échec des thérapies aux « crises » ivoiriennes repose sur l’absence d’une véritable approche inclusive du problème ivoirien qui découle pour notre part d’une dispute autour de la réinvention de la nation ivoirienne (Akindès, 2011) dans la rupture avec le modèle « houphouetien » (Houphouët-Boigny) de citoyenneté ivoirienne. En outre, le développement d’un vocabulaire de crise dénote l’enchainement de situations conflictuelles non maitrisées dans le fond et qui bloquent le processus de pacification du pays.

Section thématique 18 : La notion de crise à la lumière des relations Nord/Sud. L’action publique face aux conflits armés et aux Etats « fragiles »
Session 2 : Perspectives Sud, vendredi 11 avril 2014, 13h30-16h00