Hartemann A., « ARTE, Une institution culturelle à vocation européenne sous tension : Entre fonctionnement ‘intergouvernemental’ et ‘fédéral’ » (ST 4)

Hartemann A., « ARTE, Une institution culturelle à vocation européenne sous tension : Entre fonctionnement ‘intergouvernemental’ et ‘fédéral’ » (ST 4)

Aline Hartemann (Centre Marc Bloch, Allemagne et France)

« Européanisation/Europäisierung » : lorsque l’on évoque la chaîne de télévision ARTE, ces expressions n´ont de cesse de revenir dans la bouche des acteurs français et allemands qui la conçoivent. La chaîne, basée sur la coopération franco-allemande, a notamment pour mission d´imaginer, fabriquer et diffuser des programmes à vocation européenne, susceptibles d´intéresser l´ensemble de la population du continent. Dans ce but, elle doit inventer et faire advenir l´utopie d´une conscience européenne, supposée en voie de constitution, qui serait véhiculée par une “langue européenne”, enracinée dans un “pays à la superficie en progression”, à l´image de la Carte de Tendre figurant le pays imaginaire d´ARTE. Dans ce but, la chaîne doit articuler des accords de coopération et d’association avec une dizaine de chaînes publiques de pays européens, qui fournissent des programmes alimentant le signal, émis depuis Strasbourg à destination de l’ensemble du continent.

Pourtant, ce qui caractérise la chaîne dans son fonctionnement, c’est la tension entre les deux processus qui coexistent en son sein : un processus « intergouvernemental », et un autre, à tonalité « fédérale ». En effet, la chaîne est dirigée principalement par le couple franco-allemand, en un mode de fonctionnement que les acteurs qualifient eux-mêmes d’intergouvernemental, la comparaison qu’ils établissent avec le mode de fonctionnement de l’Union Européenne étant extrêmement fréquent. Parallèlement, la structure de la chaîne, qui s’appuie sur des chaînes publiques européennes fournissant des programmes, s’avère relever d’un mode de fonctionnement taxé de « fédéral » par les acteurs. Comment s’articulent et coexistent ces deux modes dans l’institution ? Jusqu’à quel point ce parallèle avec la gouvernance européenne est-il pertinent et a-t-il servi de modèle à la création de la chaîne ?

Par ailleurs, le couple franco-allemand, placé à la tête de la chaîne par Helmut Kohl et François Mitterrand, au début des années 1990, connaît lui-même des dissensions et doit mettre en place un mode de cohabitation pour tenter de parler d’une seule voix.

Section thématique 4 : « Unis dans la diversité » ? L’intégration européenne en questions
Session 1 : Où va la gouvernance européenne ? L’Européanisation entre nouveaux instruments et vieilles tensions, jeudi 10 avril 2014, 10h00-12h30