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›  Nique Franz WF., « Nouveau parti, quelle organisation ? Sociologie d’un parti émergeant dans l’Argentine post-2001 » (ST 3)

Nique Franz WF., « Nouveau parti, quelle organisation ? Sociologie d’un parti émergeant dans l’Argentine post-2001 » (ST 3)

Nique Franz WF., « Nouveau parti, quelle organisation ? Sociologie d’un parti émergeant dans l’Argentine post-2001 » (ST 3)

Walter Francisco Nique Franz (Université Paris 1, France)

Discutant : Frédéric Bouhon (Université de Liège, Belgique)

L’Argentine connut, à l’aube du XXIe siècle, une crise sans précédents dans son histoire (Ramos, 2007). Au niveau politique, les effets sont inégalement subis par les partis politiques. D’une part, le Parti Justicialiste réussit à offrir une sortie de crise au travers le leadership charismatique de Néstor Kirchner (Bernadou, 2007 ; Cheresky, 2008). D’autre part, on constate une fragmentation du système partisan. La coalition au pouvoir s’est éclatée : le Frepaso virtuellement disparut et le Parti Radical (UCR) est secoué par les tensions internes. Parallèlement, le nombre effectif de partis est pratiquement triplé entre 2001 et 2003 (Leiras, 2007 :33) alors même que 252 nouveaux partis étaient reconnus par la justice électorale. S’il est vrai que la plupart de ces entreprises sont éphémères et peu pertinentes, force est de constater que certaines réussiraient à se maintenir dans le champ politique, à jouer un rôle non négligeable dans l’articulation de coalitions électorales et à imposer des défaites aux partis traditionnels. Nous proposons de contribuer à l’analyse de l’impact de la « crise » des partis politiques sur leur mode d’organisation à travers l’étude du cas de Proyecto Sur, l’un de ces challengers ayant réussi une relative projection dans le champ politique argentin. Comment fonctionne ce petit parti qui se propose comme une alternative aux partis traditionnels et comme un renouveau de la politique ? Sur quelles ressources puise-t-il ? Quel type d’organisation se structure ? Quelles sont ses modalités de mobilisation de militants, participation et de prise de décisions ? Comment ces réponses retombent sur le développement organisationnel et dans quelle mesure compromettent- elles la consolidation d’une offre politique durable ? Pour essayer de répondre à ces questions, nous nous appuierons sur des données obtenues dans une enquête socio-ethnographique (entretiens avec dirigeants et militants, observation participante d’activités et de campagnes électorales, application de questionnaires). L’hypothèse que nous proposons d’explorer suppose que Proyecto Sur se procure des ressources à travers le ralliement d’un ensemble d’organisations contestataires (associations, mouvements sociaux, syndicats et factions syndicales) et de petits partis politiques. Le parti se configure ainsi comme une nébuleuse de micro-organisations hétérogènes et incite ses propres militants à s’investir dans ce milieu associatif et contestataire. Une telle dynamique lui permetd’assurer un enracinement dans le tissu social (contrariant la tendance observée par Katz et Mair, 1995) et un niveau d’investissement élevé de la part de ses militants (militance politique et sociale perçues comme un continuum ; Combes, 2004). En revanche, le parti affronte une instabilité structurelle qui pèse sur ses efforts de structuration. Le développement organisationnel est ainsi contraint, d’une part, par les fluctuations dans son champ multi organisationnel et, d’autre part, par une identité et une loyauté organisationnelle partagées à cause de la multi positionnalité de ses militants. Sous un tel contexte, l’économie interne du parti-émergent est incapable de surmonter ces tensions en produisant les incitations nécessaires, soient-elles matérielles ou symboliques, pour rétribuer ses partenaires et ses militants et, ce faisant, de stabiliser ses relations et de consolider son organisation.

Section thématique 3 : Crise des partis, crise de la démocratie ?
Session 1, jeudi 10 avril 2014, 14h00-16h30