Conférence plénière : « Le destin collectif des peuples au 21e siècle : l’autogouvernement fait-il encore partie des utopies contemporaines ? »

Conférence plénière : « Le destin collectif des peuples au 21e siècle : l’autogouvernement fait-il encore partie des utopies contemporaines ? »

Présidente : Corinne GOBIN, présidente de l’ABSP-CF

Orateurs :
• Samir AMIN,professeur émérite d’économie politique du développement des Universités de Poitiers, Dakar et Vincennes
• Chantal MOUFFE, professeure de théorie politique et directrice du Centre for the Study of Democracy à l’Université de Westminster (G-B)

Consacrer une réflexion scientifique au « statut » du gouverné en ce début du 21e siècle conduit à un questionnement préalable : la distinction entre les catégories du gouverné et du gouvernant est-elle irrémédiable ? Être un citoyen, un homo politicus, doit-il se borner à l’acte d’élire d’autres, ceux qui exerceront réellement une activité politique ? La notion d’auto-gouvernement laisse à supposer que l’on peut penser l’activité politique, et la citoyenneté, autrement et au-delà de cette division sociale. Cette notion s’associe souvent à celle de démocratie radicale. Sont-ce là les voies pour réaliser l’émancipation politique ?

Si durant le 19e et le 20e siècles fleurirent nombre d’utopies pour tenter de donner un contenu à l’idée de l’émancipation politique (ni César, ni tribun,…), cet horizon semble être aujourd’hui oublié des programmes des partis et des syndicats. Et les peuples semblent manifester ou faire la révolution plus pour être mieux gouvernés que pour s’auto-gouverner. Quels sont les éléments qui se sont modifiés dans l’imaginaire des peuples sur ces quarante dernières années qui rendent plus difficile ou plus facile l’appropriation collective d’un tel projet ?Peut-on encore penser l’auto-gouvernement lorsque les frontières politiques s’estompent dans un espace mondialisé ?

Si ce thème n’est plus pour l’instant porté par de larges mouvements sociaux ou politiques, les expériences historiques des combats démocratiques du 20e siècle, dans ses échecs ou ses réussites, permettent-elles à la théorie politique d’élaborer de nouvelles perspectives ?