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›  ST11 | Former pour transformer ? La formation comme outil de résistance

ST11 | Former pour transformer ? La formation comme outil de résistance

Responsables de la ST : 

  • Pauline DELAGE (CNRS) – pauline.delage@cnrs.fr
  • Gwenaelle PERRIER (Université Paris 13) – perriergwen@yahoo.fr

Appel à communications : 

Cette section thématique part de l’idée selon laquelle étudier la formation en tant qu’instrument d’action publique offre un prisme stimulant pour comprendre non seulement les formes de lutte et d’institutionnalisation de mouvements sociaux et associatifs, mais aussi une évolution des modes de gouvernement de l’Etat et des pouvoirs publics. Les formations (à l’égalité, pour le développement durable, contre les discriminations ou les violences de genre par exemple) sont en effet à la fois le fait de mouvements sociaux et associatifs cherchant à imposer des normes et des schèmes interprétatifs pour lutter contre un ordre dominant perçu comme injuste, mais elles peuvent aussi être déployées par l’État et les pouvoirs publics, comme instrument informationnel (Lascoumes et Le Galès, 2004) au service de politiques publiques.

Deux axes principaux seront proposés :

Il s’agira d’une part d’étudier la genèse et la promotion de cet instrument d’action publique au sein des mouvements associatifs et militants et de secteurs variés de l’Etat. Dans quelles configurations sociologiques et politiques, et pourquoi (pour quelles raisons et dans quel objectif?) est-il promu ? Quels sont les profils des acteurs et actrices qui le promeuvent? Se pencher sur les profils et les rôles des entrepreneur·ses de cause, qui promeuvent les formations, ainsi que des « médiateurs » et « médiatrices » qui les portent au sein des institutions publiques, contribuera à éclairer les processus institutionnels et organisationnels par lesquels les formations s’imposent dans une pluralité de secteurs. Ensuite, on pourra étudier comment le recours à cet instrument s’articule à d’autres stratégies militantes et de politique publique. Souvent promu au sein de secteurs de politique publique peu anciens, à la légitimité fragile, le développement de la formation ne constitue-t-il pour autant que « l’arme des faibles » ? Est-il lié aux transformations d’un État soucieux de revendiquer une action publique symbolique pour palier la faiblesse des politiques redistributives ou règlementaires ? Enfin, on s’interrogera sur la façon dont cet instrument d’action publique est investi par l’État et les pouvoirs publics. Dans quelle mesure ceux-ci encadrent-ils et façonnent-ils le développement et la mise en oeuvre de la formation : ont-ils la main sur son cadrage ? Quelles sont leurs relations (contrôle ? délégation ? etc.) avec les opérateurs et opératrices de formation ?

Le second axe étudiera la mise en œuvre et la réception des formations, en mettant l’accent sur les acteurs et actrices impliquées dans les sessions d’apprentissage : quels sont les profils des formateurs et formatrices ? Sur quelles ressources s’appuient-ils/elles ? Cet axe analysera également les types de savoirs promus, qui sous-tendent des cadrages d’un problème, et ceux qui sont impensés, voire exclus. On pourra également se demander si des savoirs militants sont mobilisés et revendiqués comme tels, et/ou s’ils sont façonnés et transformés pour être entendables par les pouvoirs publics et les stagiaires. Les recherches pourront ici s’inspirer des travaux de sociologie du curriculum développés notamment en sociologie de l’éducation. Les travaux inscrits dans des approches interactionnistes sont également encouragés afin d’analyser les modalités et les enjeux de diffusion du savoir : comment les enjeux traités sont-ils légitimés auprès des stagiaires ? Il conviendra de prêter attention aux modalités de réception des formations et aux différentes formes d’appropriation et de résistances aux savoirs transmis. Les contributions pourront également analyser les usages des savoirs appropriés par les stagiaires en dehors du cadre des formations (dans leurs pratiques professionnelles au sein de leurs administrations ou organismes professionnels, ainsi que dans leur vie personnelle), et proposer ainsi une lecture sur la portée et les limites de ces stratégies de résistances à l’ordre dominant.