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ST 9 | Crise du COVID et résistances

Responsables de la ST : 

  • Jean-Michel DE WAELE (Université libre de Bruxelles) – Jean-Michel.De.Waele@ulb.be
  • Yves DELOYE (SciencesPo Bordeaux) – y.deloye@sciencespobordeaux.fr

Appel à communications : 

La pandémie mondiale du Covid-19 a été gérée de manière très différenciée d’un pays à l’autre, y compris au niveau européen où de fait le repli souverainiste a mis en exergue non seulement ces tendances centrifuges mais aussi des spécificités nationales voire locales. Les gestions localisées (principalement au niveau étatique, parfois au niveau régional ou fédéral) ont rapidement fait tomber les barrières supposées solides, ce qui fut particulièrement visible en Europe, et entamé des gestions spécifiques, parfois dans le désordre et l’incertitude. Cette pandémie a également permis d’observer de nouvelles formes d’alliance (parfois fragile) entre pratiques scientifiques et modalités de gouvernance.
Si, d’un premier abord, il eut été pensable de voir se développer des politiques sanitaires similaires sinon identiques, le repli sur soi de tous les États a conduit au contraire à des politiques publiques prises dans l’urgence et très différentes les unes des autres, avec des résultats variables (confinement, masques de protection, achat de matériel médical etc.). La réduction progressive mais rapide aux espaces nationaux (voire sous-nationaux) a eu aussi pour conséquence ou corolaire l’émergence de résistances politiques, parfois culturelles ou encore économiques, aux mesures prises.

Chaque espace national, régional, culturel, économique, social ou politique a réagi de manière diversifiée, sur la base de logiques, d’intérêts et de méthodes différentes qu’il convient dès à présent d’analyser parce qu’ils nous disent beaucoup tant sur ces sociétés que sur leurs référentiels, leurs différences mais aussi leurs points communs voire leurs sentiers de dépendance historique. Ces premières réactions, parfois spontanées, parfois plus construites et pensées collectivement, parfois même encouragées par certains acteurs politiques (y compris de premier plan, pensons par exemple à Donald Trump) tendent ici et là à mettre en cause les mesures collectives de lutte contre le virus, d’autres à aller plus loin (notamment lorsque les intérêts ou raisonnements économiques re/prennent le dessus sur les principes d’urgence sanitaire). La palette des résistances est ici particulièrement large et elle nous en dit long sur les sociétés elles-mêmes ainsi que sur les perspectives à venir. Ces résistances sont également un prisme fécond pour apprécier les capacités d’adaptation et/ou de permanence des institutions politiques de nos sociétés. Elles permettent aussi de prendre la mesure des rhétoriques (au sens d’Albert O. Hirschman) qui accompagnent fréquemment dans l’histoire les transformations de nos pratiques et de nos trajectoires institutionnelles. Ainsi, comprendre ce qui résiste aide aussi à penser ce qui change.