loader

›  ST 7 | Le « populisme de gauche » et ses transformations saisies par les acteurs 

ST 7 | Le « populisme de gauche » et ses transformations saisies par les acteurs 

Responsables de la ST : 

  • Arthur BORRIELLO (Université libre de Bruxelles) – artubor@gmail.com
  • Laura CHAZEL (SciencesPo Grenoble) – laura.chazel@iepg.fr
  • David COPELLO (Ecole des hautes études hispaniques et ibériques) – david.copello@casadevelazquez.org
  • TARRAGONI Federico (Université de Paris) – federico.tarragoni@gmail.com

Appel à communications : 

Au lendemain de la crise économique de 2008, de la vague austéritaire et des diverses résistances qu’elle a suscitées, le poids électoral des organisations de la gauche dite « radicale » s’est accru dans plusieurs pays européens (notamment en Belgique, Espagne, France, Grèce, Portugal et au Royaume-Uni). La plupart de ces organisations ont été créées dans l’après-guerre froide et se sont développées selon des références idéologiques renouvelées, en prônant souvent une certaine forme de « populisme de gauche ». L’exploration de cette nouvelle forme de « style » politique a donné lieu à de nombreuses recherches, relevant principalement de la théorie politique ou de l’analyse de discours. Cependant, deux dimensions du phénomène restent relativement peu analysées. D’une part, alors que les analyses ont porté sur l’émergence de ces mouvements et leur identification, l’étude de leurs transformations idéologiques et organisationnelles est encore largement à faire. D’autre part, la façon dont les acteurs politiques eux-mêmes se saisissent de cette notion de populisme a été très peu analysée. L’objectif de cette section thématique est de faire dialoguer des recherches inscrites dans différents sous-champs de la science politique autour d’un objet commun : les transformations du « populisme de gauche » et de la façon dont il est vu, discuté et analysé par ses artisans. Ce dialogue vise à favoriser le croisement des méthodologies, en incitant notamment à une collaboration accrue entre approches théoriques et sociologiques, tout en contribuant à la construction d’un réseau de chercheur.e.s européen.ne.s autour de ces thématiques.

La section sera subdivisée en deux panels, chacun étant organisé autour de trois questionnements principaux (complémentaires et non exclusifs). Le premier panel accueillera des contributions portant sur la description, l’analyse et l’évaluation normative des transformations du populisme de gauche en Europe. Il portera sur 1) la nature des évolutions idéologiques et organisationnelles de ces mouvements : comment se sont-ils structurés pour répondre au défi d’une institutionnalisation rapide ? Quels liens ont-ils maintenus ou rompus avec les mouvements sociaux ? Comment ont-ils évolué dans leur rapport à l’hypothèse populiste et aux topoï idéologiques de la gauche historique ? ; 2) les facteurs externes et internes qui ont influencé ces évolutions : de quelle(s) façon(s) le contexte socio-économique, les dynamiques socio-politiques et l’environnement institutionnel ont-ils interagi avec les caractéristiques internes de ces mouvements pour dessiner leurs trajectoires communes et différenciées ? ; 3) les enseignements analytiques et normatifs de ces transformations : qu’est-ce que celles-ci nous indiquent à propos de l’évolution des systèmes représentatifs européens ?

Le second panel se penchera sur 1) les modes d’apparition du « populisme de gauche » dans le(s) champ(s) politique(s) : comment les références théoriques les plus couramment citées (Laclau et Mouffe notamment) sont-elles perçues par les cadres et militants des organisations populistes de gauche ? Comment s’effectuent les interactions entre champ universitaire, champ intellectuel et champ politique ? ; 2) la variation des interprétations et mises en pratique du « populisme de gauche » selon les contextes nationaux : comment décrire et expliquer la variation des connotations politiques associées au « populisme de gauche » selon les pays et (éventuellement) les régions et espaces locaux ?; 3) la prise en compte des controverses militantes au sujet du « populisme de gauche » comme objet d’analyse : les options stratégiques de ces forces politiques peuvent faire l’objet de discussions (voire de controverses) dans l’espace public, en particulier dans les moments de crise (mauvais résultats électoraux, scissions, etc.). Quels arguments, quels acteurs font-elles intervenir ? Quelles évolutions induisent-elles pour les jeunes organisations ici étudiées ?


In the aftermath of the 2008 economic crisis, the austerity wave and the various forms of resistance it generated, the electoral weight of so-called « radical » left organizations has increased in several European countries (notably in Belgium, Spain, France, Greece, Portugal and the United Kingdom). Most of these organizations were created in the post-Cold War era and have developed according to renewed ideological references, often advocating some form of “left-wing populism”.
The exploration of this new form of political “style” (Moffitt 2015) has given rise to a great deal of research, mainly in the field of political theory or discourse analysis. However, two dimensions of the phenomenon remain relatively under-studied. On the one hand, while most analyses have focused on the emergence of these movements, their ideological and organizational transformations are still largely unexplored. On the other hand, there has been very little analysis of how political actors themselves grasp the notion of populism. The aim of this thematic section is to bring together research from different political science subfields to discuss a common subject: the transformations of “left populism” and the way it is seen, discussed and analyzed by its architects. This dialogue aims to encourage the cross-fertilization of methodologies, in particular by fostering greater collaboration between theoretical and sociological approaches, and by contributing to the construction of a network of European researchers around these topics. The section will be subdivided into two panels, each organized around three main questions (complementary and non-exclusive).

The first panel will welcome contributions on the description, analysis and normative assessment of the transformations of left-wing populism in Europe. It will focus on 1) the nature of the ideological and organizational evolutions of these movements: how were they structured to meet the challenge of rapid institutionalization? What links have they maintained or broken with social movements? How have they evolved in their relation to the populist hypothesis and the ideological topoi of the historical left? 2) the external and internal factors that have influenced these evolutions: in what way(s) have the socio-economic context, the socio-political dynamics and the institutional environment interacted with the internal characteristics of these movements in determining their common and differentiated trajectories? 3) the analytical and normative lessons of these transformations: to what extent do they shed a new light on the democratic potential of those movements?

The second panel will discuss 1) the modes of appearance of “left populism” in the political field(s): how are the most commonly cited theoretical references (Laclau and Mouffe in particular) perceived by leaders and activists of left-wing populist organizations? How do the interactions between the academic, intellectual and political fields take place? 2) the variation in the interpretations and uses of “left populism” according to national contexts: how can the variation in the political connotations associated with “left-wing populism” be described and explained, taking spatial (national, local) differences into account? 3) militant controversies about “left-wing populism” as an object of analysis: strategic options of these political forces can indeed be a disputed matter, sometimes leading to controversies in the public space, especially in times of crisis (poor electoral results, factionalism, splits, etc.). What arguments are used here? Which actors do they involve? What changes do they lead to for the young political organizations studied here?