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›  ST 6 | Les partis politiques, les mouvances intellectuelles et la résistance à l’hégémonie culturelle et idéologique 

ST 6 | Les partis politiques, les mouvances intellectuelles et la résistance à l’hégémonie culturelle et idéologique 

Responsables de la ST : 

  • Frédéric BOILY (Université de l’Alberta) – fboily@ualberta.ca
  • Emilien HOUARD-VIAL (SciencesPo Paris) – emilien.houardvial@sciencespo.fr

 

Appel à communications : 

Les mouvements conservateurs, par leur capacité de mobilisation et leurs pratiques militantes modernisées, par l’offre de réarmement idéologique qu’ils proposent face aux narratifs et aux schèmes de pensée de la gauche et des progressistes, et par les ancrages multiples qu’ils peuvent posséder dans différents segments de la société, sont des ressources que les partis peuvent chercher à attirer pour « se renouveler » en offrant l’apparence d’une rupture radicale par rapport à leurs pratiques et discours passés, dans un contexte de forte concurrence électorale ou de perte de légitimité. Néanmoins, ces opérations de cooptation ou de recyclage peuvent s’avérer improductives, voire contre- productives tant il peut être compliqué de réviser son discours tout en gardant sa cohérence idéologique, d’intégrer des mouvements de niche aux réputations parfois dégradées et de reformuler une bataille culturelle en termes électoraux. De même, le rapprochement avec un parti peut être à double-tranchant pour un mouvement conservateur, tiraillé entre la fidélité à ses promesses originelles assurée par ses militants, et son désir d’étendre son influence idéologique à une sphère d’action plus efficace et prometteuse. La nature, le fonctionnement et l’évolution des liens entre les partis potentiellement sensibles aux idées conservatrices et leur environnement politique et social est cependant méconnu, tant la science politique récente a voulu considérer les premiers (souvent à juste titre) comme des organisations autonomes intégrées dans un système partisan lui-même autonome. La traduction des mobilisations conservatrices en offres partisanes pose donc de nombreuses questions auxquelles cette section thématique se propose d’apporter des premiers éléments de réponse.

Dans un premier panel, nous sollicitons des propositions abordant sous une forme ou sous une autre la question de ce que les partis font aux idées, c’est-à-dire la manière dont les idées conservatrices peuvent être récupérées, traduites, amputées ou enrichies par  les partis pour les intégrer dans leur discours, qu’il s’agisse de discours orientés vers le parti (ses militants, ses cadres, ses sympathisants) ou vers les électeurs (programmes, discours électoraux, expressions médiatiques). Nous souhaitons recevoir des propositions qui permettront de comprendre si les mouvements conservateurs des pays occidentaux développent ou non des stratégies pour diffuser leurs idées au sein des partis, et si oui de quelles manières et à quelles conditions. Les propositions prenant en considération les caractéristiques sociodémographiques (sexe, genre, origines, formation) des intellectuels peuvent ainsi être envisagées comme favorisant telle ou telle stratégie de diffusion. Dans un second panel, nous recherchons des propositions abordant la question inverse, à savoir ce que les idées élaborées par les intellectuels, groupements ou think tanks font aux partis, c’est-à-dire dans quelle mesure les processus de diffusion des idées conservatrices participent aux recompositions idéologiques des partis et des systèmes partisans, à travers des mécanismes de scission, de ralliement, de création de partis ou de revendication de la légitimité à parler en leur nom. L’idée est également de comprendre si l’avènement d’une constellation de mouvements conservateurs focalisés sur une bataille culturelle et idéologique conduit les partis à réinvestir le travail idéologique et à élargir leur champ d’action, en prenant par exemple position sur des problématiques culturelles a priori éloignées des enjeux de politique publique.