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›  ST 32 | L’humour: une arme de résistance face au pouvoir politique ?

ST 32 | L’humour: une arme de résistance face au pouvoir politique ?

Responsables de la ST : 

  • Guillaume GRIGNARD (Université libre de Bruxelles) – ggrignar@ulb.ac.be
  • Giselinde KUIPERS (Katholieke Universiteit Leuven) – giselinde.kuipers@kuleuven.be
  • Nelly QUEMENER (Sorbonne) – nelly.quemener@sorbonne-nouvelle.fr
  • Marie DURET-PUJOL (Université de Bordeaux)- Marie.Duret-Pujol@u-bordeaux-montaigne.fr

Appel à communications : 

Dans les démocraties occidentales, le pouvoir politique est régulièrement contesté par un groupe d’acteurs un peu particulier : les humoristes. Ceux-ci interviennent dans des spectacles, en télévision, en radio ou sur Internet. La plupart sont professionnels, mais les réseaux sociaux proposent également de nombreuses formes humoristiques amateurs. L’ensemble de ces acteurs diffusent un discours satirique qui traite du politique. L’objectif de cet appel est de saisir le potentiel de résistance de ces productions face au pouvoir politique. Il repose sur un paradoxe inhérent aux discours humoristiques : alors qu’ils apparaissent comme des procédés subversifs pouvant déstabiliser un mandataire politique, ils accentuent également un différentiel de représentativité médiatique entre un mandataire politique célèbre et un autre plus anonyme. Les humoristes, dessinateurs satiriques, imitateurs se moquent en effet de personnages connus du public. Ils renforcent ainsi indirectement leur notoriété. Par ailleurs, leur métier consiste à faire rire un public aux dépens d’un mandataire politique. Si le rire, quand il est ironie, sarcasme ou moquerie porte en lui de la violence, il reste un phénomène sans lendemain, incapable de dépasser cet instant de bien-être que constitue le rire en groupe. De plus, l’humour constitue une case si régulière dans les médias, qu’il est devenu routinier et banal. Cet aspect peut lui ôter son caractère subversif en le déplaçant dans une sphère prévisible et inoffensive. Il y a donc une tension dans les phénomènes risibles que nous souhaitons penser dans le contexte des démocraties occidentales en mal de légitimité. Cet appel souhaite interroger en profondeur cette dimension paradoxale de l’humour politique : un outil qui désarme la résistance, sous une apparence de contestation subversive du pouvoir. L’objectif est de comprendre en quoi l’humour politique peut être une arme de résistance et jusqu’à quelle portée peut-il continuer à l’être. Au niveau du champ disciplinaire, il s’agira d’ouvrir l’espace de discussion à une pluralité d’approches en sciences humaines et sociales. Les propositions issues des sciences politiques, des études théâtrales et cinématographiques, des sciences de l’information et de la communication, de l’histoire, de la linguistique, de la sociologie et les approches en études de genre et Cultural Studies seront les bienvenues. Les propositions peuvent s’inscrire dans les axes suivants : – Le discours des humoristes professionnels suivant leur contexte de diffusion (télévision ou radio) et leur genre (imitation ou billet d’humour original) – La capacité du pouvoir politique à rebondir à la satire pour se l’approprier et l’utiliser à son avantage. – Le discours humoristique sur Internet (Twitter, Facebook,…) – Le recours à l’humour dans les mouvements sociaux – Le recours à l’humour par les mandataires politiques eux-mêmes – … Enfin, une attention particulière sera consacrée à la diversité géographique des contributions, afin d’éclairer comment ce phénomène se construit dans de nombreux espaces démocratiques. La question de la satire dans des démocraties conservatrices, voire illibérales comme la Pologne et la Hongrie en est un exemple. Tous ces différents champs permettront de mieux comprendre le potentiel de l’humour comme arme de résistance face au monde politique, ou, au contraire, comme processus de désarmement permettant diluer le conflit qui se réduit à n’être que l’action momentanée de rire… Avant que tout revienne à la normale.