loader

La Somaliland, Un Etat fragile : une exception à la règle

  • Ali Omar, Abdourahman

Abstract

Depuis 1990, le concept d’Etat fragile ou failli émerge dans la scène internationale et supplante des vieilles notions comme « Tiers Monde », « pays en voie de développement » etc. Pour la coopération belge de développement, un Etat fragile est un Etat qui « ne fournit pas, ou n’organise pas, des services comme la sécurité, la justice, la santé ou l’éducation. L’Etat n’est pas perçu comme légitime par sa population ». Contrairement à la Somalie, un pays en proie à une guerre civile sans fin et une instabilité politique due à l’incapacité à instaurer un Etat solide, de lutter contre la montée de l’islamisme radical, et l’ingérence fréquente des Etats voisins, la Somaliland ne partagent pas les mêmes carences politiques et sécuritaires des Etats dits faillis.

Depuis sa création en 1991, la Somaliland est à sa quatrième élection présidentielle ; une pure démocratie athénienne. Le mouvement nationaliste qui a libéré le pays contre le dictateur Siyad Barre a pacifié sa population en lui donnant le pouvoir dès 1993. L’innovation politique du gouvernement avait permis d’épouser la modernité (un parlement élu au suffrage universelle) et la tradition (une assemblée des chefs coutumiers (Golahaa Guurtida) dont chaque famille clanique est représentée) ; le tout sous l’œil attentif de la cour constitutionnelle qui arbitre les litiges entre l’exécutif et le législatif.

Conséquence : la Somaliland a forgée une gouvernance territorialisée et centralisée, et un pouvoir politique qui forme une seule unité centrale. En outre, elle a su maîtriser les questions de l’islam radical qui est devenu un fléau pour les Etats faillis. Sa stabilisation lui a permit d’avoir une crédibilité et d’attirer les investisseurs internationaux comme le géant de l’industrie portuaire de Dubaï (DP World) pour la rénovation et la gestion du port de Berbera pour un montant de 390 millions d’euro. À cela s’ajoute les nombreux projets de développement financés par les entreprises locales (Somcable, Télsom Group, Dahabshill Group etc.) et la diaspora participant ainsi à la dynamique économique du pays. La Somaliland est entrain de devenir un hub régional et s’éloigne d’avantage des caractéristiques des Etats fragiles.