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›  Faiblesse de l’Etat tunisien dans la période post – révolutionnaire. Politisation et perception populaire de l’action étatique à Sidi Bouzid

Faiblesse de l’Etat tunisien dans la période post – révolutionnaire. Politisation et perception populaire de l’action étatique à Sidi Bouzid

  • Dutour, Julien (Doctorant, Université Versailles Saint-Quentin en Yvelines – France))

Abstract

La question de la reconstruction de la légitimité de l’Etat dans les régions du centre de la Tunisie, et plus particulièrement à Sidi Bouzid est au cœur des occupations des citoyens de ce gouvernorat. Le manque de résultats probants quant aux demandes premières qui ont été soulevées pendant les manifestations de la fin de 2010 et du début de 2011 a entrainé une forte déconsidération des responsables politiques et, par-là, de l’appareil étatique tunisien. Celui-ci est accusé d’avoir maintenu voire ancré les inégalités régionales, et de laisser se dégrader la situation de la ville de Sidi Bouzid. De nombreux habitants se sentent rejetés, exclus d’un Etat tunisien auquel ils appartiennent pourtant. Ces paroles apparaissent lorsqu’est abordée la question de la santé économique de la ville durant la transition démocratique et la période qui a suivi la révolution et vont de pair avec l’évocation des problèmes de corruption, de dégradation des activités marchandes, de la nécessité de trouver un emploi. Pour ce dernier, nombreux sont les candidats qui attendent des offres provenant de la fonction publique, d’entreprises ou par les concours comme le CAPES qui ouvre sur des postes d’enseignants. Dans le même temps apparait l’image d’un Etat qui empêche un développement serein de la ville et de la région. La corruption, présente déjà avant la révolution, reste notamment un phénomène endémique qui bloque à la fois les activités mais aussi les perspectives professionnelles des individus qui ne sont pas insérés dans les bons réseaux ou qui n’ont pas les moyens de payer. L’inaction est vécue comme un mode de blocage comme l’obstruction s’assimile parfois à un manque d’action. Cette vision de l’action de l’Etat est à mettre en relation avec les compétences que les citoyens lui attribuent. Ce travail s’appuiera sur des entretiens réalisés auprès de syndicalistes, membres de la société civile, chômeurs et chefs d’entreprises de Sidi Bouzid ainsi qu’à partir de statistiques locales.