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›  La dynamique postnationale européenne au prisme de la phénoménologie de l’étranger de Waldenfels

La dynamique postnationale européenne au prisme de la phénoménologie de l’étranger de Waldenfels

  • Deleixhe, Martin (USL-B)

Abstract

Nul ne peut prédire quelle en sera l’issue mais il ne faut pas être grand clerc pour discerner que la crise migratoire que traverse l’Union Européenne (UE) constitue pour cette dernière une épreuve de vérité. Arc-boutée sur une rhétorique qui fait des droits de l’homme le socle de sa légitimité mais qui se trouve manifestement en porte-à-faux avec ses pratiques de restriction du droit d’asile, l’UE s’enfonce dans une contradiction performative dont elle ne sortira pas indemne.

Cette intervention se propose d’utiliser l’œuvre de Bernhard Waldenfels pour jeter un éclairage original sur la crise européenne de l’hospitalité. Bien que Waldenfels présente lui-même sa démarche théorique comme relevant prioritairement d’une « phénoménologie de l’étranger » , tant sa thématique principale que l’inclinaison logique de son argumentation l’amènent à basculer fréquemment dans le champ de la théorie politique. Il s’agira, dans un premier temps, de mettre en exergue que les thèses philosophiques fortes de la primauté heuristique de l’étranger sur le propre et de la préséance de la requête de l’étranger sur toute intention revisitent de façon originale l’opposition entre communautariens et libéraux, et se prolongent dans un jeu de prescriptions politiques sur l’hospitalité européenne et le dépassement de la nation. Je suggérerai ensuite que la politique de l’étranger telle qu’elle se dessine chez Waldenfels trouve un écho institutionnel dans une des dernières propositions politiques de Balibar, celle d’une Europe qui embrasserait résolument son statut de « borderland » et considérerait l’influx de réfugiés irakiens et syriens non pas comme une situation humanitaire mais comme un élargissement supplémentaire (démographique à défaut d’être territorial).