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›  Sidi Bouzid : de la mobilisation contestataire à la situation post-révolutionnaire tunisienne. Trajectoire des politisations au centre de la Tunisie

Sidi Bouzid : de la mobilisation contestataire à la situation post-révolutionnaire tunisienne. Trajectoire des politisations au centre de la Tunisie

  • Dutour, Julien (Université Versailles Saint Quentin en Yvelines)

Abstract

La révolution qui a eu lieu en Tunisie du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011 aurait été déclenché en grande partie par l’utilisation des réseaux sociaux. En effet, sans sous-estimer le rôle des appels téléphoniques ni celui des réseaux personnels et professionnels préalablement existants, les vidéos de l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010, puis des manifestations à Sidi Bouzid, à Meknassy ou à Menzel Bouzaiene ont contribué à faire naitre puis à nourrir un soulèvement régional qui est devenu une révolution nationale. Cette reprise en main de la politique par les citoyens, qu’ils soient jeunes ou moins jeunes, politisés ou non, employés ou chômeurs, diplômés ou sans diplôme, s’est accompagnée d’une politisation de la vie quotidienne. A Sidi Bouzid, deux trajectoires sont à relever : d’une part, la plus grande liberté d’expression a permis à la parole de se politique, y compris dans l’espace public, si bien que « tout est devenu politique » (les échecs répétés dans la recherche d’emploi, le manque d’initiatives culturelles, l’agencement de la ville par exemple). D’autre part, corrélativement au point précédent, un fort rejet des responsables politiques s’exprime, qu’ils exercent au niveau national mais aussi local. Ceux-ci sont accusés de ne pas avoir su régler les problèmes mis en avant lors du soulèvement populaire de la fin de 2010, et d’avoir fait perdurer une situation critique de leur ville, aussi bien sécuritaire que socio-économique (permanence des inégalités régionales, corruption). Les innovations démocratiques sont rates et semblent s’inscrire dans le cadre de la reprise en main de la politique locale, hors des institutions.

Dans cette contribution, nous nous interrogerons sur le rôle réel des réseaux sociaux lors de la révolution tunisienne.  Dans un second temps nous aborderons la question de la perception des habitants de Sidi Bouzid quant à l’échec des responsables politiques à répondre aux défis de la révolution, ainsi que les initiatives prises dans le sens d’une démocratisation politique et culturelle (multiplication des sit-in, des manifestations). Notre étude s’appuiera sur des entretiens réalisés à Sidi Bouzid auprès d’acteurs de la société civile et sur des données statistiques