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›  Débats politiques africains contemporains ou émergence de la « palabre 2.0 ». Cas de la mobilisation pré-électorale pour la présidentielle Camerounaise de 2018 sur Facebook

Débats politiques africains contemporains ou émergence de la « palabre 2.0 ». Cas de la mobilisation pré-électorale pour la présidentielle Camerounaise de 2018 sur Facebook

  • Kake, Bonaventure (ULB)

Abstract

Selon les cyber-optimistes, dès ses premières heures, internet était porteur d’espoir pour la démocratie représentative ou participative (Suddulich, 2011). Ceci à travers ses promesses de normalisation (Resnik,1998), d’égalisation (Jones, 1995) …. La prophétie s’est-elle réalisée en Afrique ? Les innovations apportées par internet dans les jeunes démocraties africaines, sont indiscutables de nos jours. Si la participation politique et la conscience citoyenne (Frère et Kiyindou, 2009) en font partie des bénéficiaires, l’un des lieux d’observation de ces innovations est la mobilisation électorale sur internet. Mieux saisir ces innovations nécessite une redéfinition de cette mobilisation électorale africaine. Il s’agit de la considérer comme une sorte de palabre politique au cours de laquelle les candidats qui se battent symboliquement entre-eux pour l’obtention des mandats, soumettent leurs conflits de légitimité au jugement d’un public, sensé trancher par des prises de positions ou des votes. Or en Afrique, la palabre, qu’elle soit « irénique » ou « agonistique » est une instance délibérative gouvernée par la prééminence de l’autorité patriarcale et masculine (Bidima, 1997). Cependant, avec l’arrivée d’internet, la palabre électorale s’est métamorphosée, en bouleversant les codes, la hiérarchie et les procédures qui la régissaient. Dans cette nouvelle instance, les jeunes générations, sans distinction d’âge, de classe ou de sexe, occupent le sommet et s’attribuent l’autorité conciliabulaire dans les débats électoraux. La palabre électorale africaine classique, semble s’être digitalisée pour devenir une « palabre 2.0 ». C’est le cas au Cameroun, où la prochaine élection présidentielle est sensée se tenir en 2018. Une élection qui pourrait opposer le président Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, à quelques concurrents dont la plupart le challenge depuis 1992. Face à cette absence d’alternance et malgré cette date lointaine, les médias sociaux au Cameroun et en l’occurrence Facebook, donnent à observer de nombreuses palabres de (dé-)légitimation des potentiels candidats à cette future échéance. Un nouveau mode de participation pré-électorale, dont cette contribution vise à rendre compte de la construction de quelques-uns.