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›  Usages pratiques et théoriques de l’initiative populaire en Suisse par l’Union démocratique du centre (UDC)

Usages pratiques et théoriques de l’initiative populaire en Suisse par l’Union démocratique du centre (UDC)

  • Bonnaz, François  (Université Grenoble-Alpes)

 

Abstract

Dans le cadre d’une thèse en philosophie politique et en sociologie politique, je m’intéresse au contre pouvoir en démocratie directe, et plus particulièrement à l’outil de l’initiative populaire en Suisse. Au niveau fédéral, ce mécanisme s’accompagne du référendum facultatif pour définir le corpus de dispositifs de démocratie directe helvétique. La démocratie représentative complète le design institutionnel suisse pour former une véritable démocratie semi-directe. L’objet de notre réflexion se centre notamment sur les échanges entre la sphère des représentants et la sphère des participants aux votations populaires. D’une façon générale, Il s’agit de comprendre quels sont les usages politiques de l’initiative populaire.

Le contexte de la démocratie-semi directe suisse n’échappe pas à la montée des populismes en Europe depuis plusieurs années. L’Union démocratique du centre (UDC) est le parti symptomatique de cette montée en puissance dans les sphères du pouvoir. Le système institutionnel suisse (démocratie consensuelle) a la particularité d’inclure plus facilement les forces aux extrémités du spectre politique, contrairement aux démocraties majoritaires qui empêchent les partis populistes de s’imposer, malgré un poids électoral considérable. Le phénomène d’inclusion des forces minoritaires permet un certain contrôle de ces dernières par les autres forces en présence. Cette inclusion se constate même dans le jeu politique où les alliances entre les partis « classiques » et les partis « populistes » sont beaucoup plus acceptées et fréquentes.

L’enjeu de cette communication est de comprendre comment l’UDC s’approprie les instruments de la démocratie directe et surtout celui de l’initiative populaire. Grossièrement, nous pouvons mettre en lumière trois usages pratiques de la part des partis représentés au parlement :

  • Négocier dans l’arène du travail législatif
  • Imposer des thématiques dans l’agenda politique
  • Faciliter les campagnes en période électoral

Au delà de ces usages pratiques déjà largement étudiés dans la littérature consacrée aux initiatives populaires, le discours des agents sur la démocratie directe contribue à marquer une certaine frontière entre les forces politiques. Alors que l’UDC défend une démocratie plus directe (caractéristique d’une parole politique anti-élites), certains partis veulent freiner les droits politiques populaires. Les enjeux de ces débats sont en fait fondamentaux pour l’avenir de la démocratie semi-directe suisse.

Texte de la communication