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Populismes et démocratie dans les pays nordiques : Entre nostalgie et réinterprétation
- Blanc-Noël, Nathalie (Université de Bordeaux)
Abstract
Les pays nordiques font figure de démocraties « modèles » si l’on en croit les nombreux classements internationaux mesurant différents marqueurs de la démocratie (corruption, parité, transparence, etc.). Le « modèle nordique » représente, depuis le début du 20ème siècle, un modèle socio-économique ainsi qu’un modèle de démocratie particulièrement avancé, très marqué par la social-démocratie. Or actuellement, dans trois de ces pays, des partis populistes sont au pouvoir (Norvège, Finlande) ou en situation d’influence au parlement (Danemark).
Nous nous proposons d’étudier comparativement le rapport des populismes nordiques à la démocratie en nous appuyant sur la méthode de l’analyse des idées appliquée aux programmes électoraux et aux déclarations des leaders, combinée à une analyse d’indicateurs concrets donnés par la mise en œuvre des politiques inspirées par ces partis.
Dans les pays nordiques, les partis populistes (partis du Progrès norvégien et danois, parti des Finlandais, et Démocrates suédois) sont considérés comme des partis démocratiques se démarquant de l’extrême-droite raciste ou néo-nazie. Ces partis jouent le jeu de la démocratie et prétendent défendre le peuple contre des élites corrompues qui dénatureraient le modèle nordique (par exemple en l’ouvrant à l’Europe, ou parce qu’elles n’écoutent pas le peuple…)
Il faut se demander dès lors quelle conception de la démocratie est celle de ces partis : les pays nordiques se réfèrent traditionnellement à la souveraineté populaire (héritée de Rousseau mais combinée à une démocratie représentative), or les partis populistes estiment que celle-ci est bafouée par les élites : ils revendiquent un retour à une démocratie plus respectueuse du « peuple ». Nous examinerons s’ils proposent des solutions concrètes pour améliorer les procédures démocratiques.
Il faudra également se demander quelle est la conception que les partis populistes ont du peuple. Dans les pays nordiques, les récits identitaires nationaux ont toujours insisté sur l’homogénéité de petits peuples, cette dimension ayant souvent été présentée par les élites social-démocrates (entre les années 30 et la fin de la guerre froide) comme une des clefs de la réussite du « modèle nordique ». La dimension patriotique du discours identitaire nationale était de plus assez forte dans des Etats-nations aux contours récents. Les partis populistes nordiques – qui reprochent à ces mêmes élites d’avoir ouvert les frontières à l’immigration et à l’Europe – opèrent une récupération de ce discours historiquement daté (et fruit d’une simplification patriotique) pour opérer un « retour » à des peuples ethniquement purs (par exemple opération de finnisation de la Finlande tendant à faire oublier la minorité suédoise), ou du moins ils réclament une distinction juridique entre les « nationaux » et les immigrés, qui s’inscrirait notamment dans les politiques sociales. Les populismes nordiques se placent ici sur le terrain d’une réécriture des valeurs qui sont au fondement des modèles nordiques de démocratie : l’égalité, la solidarité, le bien-être deviennent pour eux des valeurs différentielles, s’appliquant différemment selon les catégories de citoyens concernés.
Si les populismes nordiques ne semblent guère appeler à une réforme des procédures démocratiques dans leurs pays respectifs (celles-ci, notamment par le jeu de la représentation proportionnelle et l’application de la liberté de parole leurs sont plutôt favorables), c’est sur le terrain des valeurs qu’ils sont en train d’écrire une réinterprétation de la démocratie dans les pays nordiques. L’analyse de deux cas étayera notamment ces remarques : le débat sur la liberté de parole en Norvège et au Danemark et le débat sur l’Etat-providence en Finlande. Au Danemark, ils ont également inspiré une politique culturelle visant au « resserrement » du peuple autochtone, qui semble vouloir inspirer le parti des Finlandais.
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