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›  Entre populisme et marxisme-léninisme : le double discours de Syriza sur la question « du sujet social »

Entre populisme et marxisme-léninisme : le double discours de Syriza sur la question « du sujet social »

  • Siotos, Modestos (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)

 

Abstract

Jusqu’à sa scission en août 2015, à la suite de la signature d’un troisième accord entre la Grèce et les autres États membres de la zone euro pour l’octroi d’un prêt financier, le parti de gauche radicale Syriza, a poursuivi une stratégie politique ambivalente. Fondée sur deux discours concurrents, cette stratégie a révélé les différences idéologiques entre les principales fractions du parti concernant la question du « sujet social » que Syriza devrait représenter. Le discours de la gauche marxiste grecque fait référence à la figure du « sujet social », un concept emprunté aux eurocommunistes italiens depuis les années 1970, pour renvoyer aux caractéristiques sociales de l’individu dans les sociétés occidentales post-industrielles. Cette communication propose un examen minutieux de ce double discours autour du « sujet social », qui permettra de dégager les points d’incompatibilité des divers groupes politiques qui ont coexisté au sein de Syriza. On constate des intentions divergences des membres de Syriza, entre la volonté de faire du parti le « véhicule des intérêts populaires » et celle d’en faire « le nouveau sujet collectif de la classe ouvrière et des salariés ». Cela traduit deux méthodes distinctes d’analyse sociologique de la Grèce contemporaine, visant cependant le même objectif. Le premier discours, formulé principalement par le président du parti, Alexis Tsipras, s’inspire des travaux de Ernesto Laclau sur la raison populiste. Il met l’accent sur la notion de « peuple » : en tant que catégorie sociale, le « peuple » intègre les intérêts de diverses couches sociales, y compris la classe moyenne, l’épine dorsale de l’économie grecque pendant les dernières décennies. Le second discours soutenait une autre vision : Syriza devait se transformer en « sujet collectif de la classe ouvrière et des salariés » afin de « lutter contre les intérêts de la bourgeoisie nationale et internationale ». Cette approche résulte d’une analyse socio-politique s’éloignant du « populisme » de Tsipras. Tenue par les constituants minoritaires de Syriza, elle s’inscrit dans la continuité de la tradition classique marxiste-léniniste. Pour documenter ces divergences d’appréhension des enjeux de représentation, la communication s’appuiera sur une analyse du contenu des documents du parti, des articles de presse ainsi que les contributions théoriques des intellectuels du parti.

Texte de la communication