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›  La transformation du gouvernement des langues en Europe et dans le monde

La transformation du gouvernement des langues en Europe et dans le monde

Organisateurs

  • Burckhardt, Till (Université de Genève)
  • Garcia, Núria (Sciences Po)

Abstract

L’institution d’un régime linguistique représente l’une des principales caractéristiques de l’État-nation moderne. En Europe, les États ont pendant longtemps revendiqué le monopole du gouvernement des langues sur leur territoire et tenté de réguler l’usage des langues à travers la mise en place d’un régime linguistique (Cardinal et Sonntag, 2015) donné qui devait se répliquer dans le temps. Ce modèle selon lequel langue, Etat et nation se superposent s’est ensuite diffusé sur le plan international au point de s’imposer comme norme ou idéal à atteindre.

Or, au cours des dernières décennies, des changements survenus au niveau international et des transformations internes à l’État ont conduit à la l’érosion progressive de ce monopole : d’une part, les compétences de l’État en matière de gouvernement des langues sont de plus en plus encadrées par la reconnaissance de droits et de libertés linguistiques fondamentales, partiellement protégées par des conventions internationales. D’autre part, les interdépendances croissantes sur le plan économique, social et culturel limitent l’incidence des politiques linguistiques sur la pratique des langues par la population. Les différentes formes de mobilité des étudiants, travailleurs et migrants en Europe et au niveau international ont engendré une diversité linguistique nouvelle, contribuant à complexifier encore davantage la constellation des langues en présence.

Face à ces transformations, les États ont adopté une posture largement réactive, voire défensive : si les politiques éducatives ont été adaptées à l’injonction de transmettre des langues étrangères, et notamment l’anglais, à l’ensemble des citoyens, l’État contrôle toujours l’enseignement obligatoire. En même temps, différentes mesures telles que la mise en place de tests de langues pour l’obtention de la nationalité ou de titres de séjours ont conduit à un renforcement du lien entre langue nationale et citoyenneté et à ériger la maîtrise de la langue officielle du territoire comme critère d’intégration.

La section thématique proposée vise à analyser les transformations du gouvernement des langues à travers des contributions théoriques et empiriques s’inscrivant dans un des deux questionnements suivants et abordant l’État tantôt comme sujet, et tantôt comme objet : quelles sont les marges de manœuvre dont dispose l’État contemporain pour maintenir un régime linguistique pouvant garantir la cohésion et la communication entre les citoyens sur son territoire ? Dans quelle mesure la perte du monopole du gouvernement des langues a-t-elle affecté la structure et le fonctionnement même de l’État ?

 

Programme

Panel B – Lundi 3 avril, 14h-16h30 : Le gouvernement des langues dans un contexte multiniveaux: entre fédéralisme, intégration européenne et mondialisation – 12 (bât.D – 1er étage)

 

Panel C – Mardi 4 avril, 9h30-12h : Gouverner la diversité linguistique complexe – W216