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›  « Crises nucléaires à l’AIEA » : les logiques transversales de la transformation des modalités de la compétition internationale

« Crises nucléaires à l’AIEA » : les logiques transversales de la transformation des modalités de la compétition internationale

  • Mailys, Mangin (Université Lille 2 – CERAPS)

Abstract

Malgré leurs apports, les travaux portant sur l’ « autorité » des bureaucraties internationales restent prisonniers des paradigmes classiques de la théorie des Relations Internationales. Ces études définissent cette autorité de manière exogène aux Etats. Elles justifient ainsi un parti pris méthodologique en faveur d’un dualisme agent/structure autour d’une opposition Etats vs organisations internationales (OI). Cette opposition est contestée par des travaux de sociologie politique qui, à partir d’études ethnographiques plus inductives, éclairent la complexité des espaces de l’international, y compris des plus balisés. Des auteurs ont montré l’importance des concurrences internes au champ du pouvoir d’un Etat sur la conduite de son action extérieure. D’autres ont montré que les logiques de pouvoir internes aux arènes multilatérales ne créent pas nécessairement des allégeances antagonistes à l’action extérieure des Etats ; et ont éclairé la dimension tactique des normes internationales produites et appliquées dans ces arènes. Enfin, certains ont travaillé sur les effets (équivoques) que produit la socialisation à l’international d’acteurs diplomatiques différenciellement situés au sein d’un appareil d’Etat. Cette communication a pour objectif d’éclairer les effets du positionnement des fonctionnaires internationaux au sein de jeux transversaux aux OI sur les modalités de la compétition politique internationale.

A travers l’étude des dossiers d’infraction aux accords de non-prolifération nucléaire instruits par l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) –Iraq 2003 ; Iran 2006– cette recherche vise à expliquer le renouvellement des investissements politiques des Etats-Unis dans une OI telle que l’AIEA. Pour cela, nous montrerons que les usages légitimes du mandat et de l’expertise de l’Agence sont l’objet de luttes entre diplomaties mais aussi entre fonctionnaires internationaux au sein du Secrétariat. Nous montrerons ensuite, que ces prises de positions différenciées renvoient à des concurrences entre acteurs différemment positionnés dans le champ du pouvoir américain. Enfin nous montrerons comment ces luttes affectent, sur un mode tactique, les pratiques au sein de l’appareil de politique étrangère américain et avec elles, les modalités de la compétition politique internationale.

Issus d’une recherche doctorale en cours depuis 2013, les matériaux utilisés sont collectés dans le cadre d’entretiens semi-directifs réalisés à Paris et Washington et au cours de trois séjours à Vienne (siège de l’AIEA) ; ainsi que d’observations menées à l’occasion du conseil des gouverneurs de l’AIEA.