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›  Saisir des processus décisionnels complexes dans le réaménagement des espaces publics par l’enquête de terrain

Saisir des processus décisionnels complexes dans le réaménagement des espaces publics par l’enquête de terrain

  • Lenel, Emmanuelle (USLB, CES, IRIB)

Abstract

Dans cette communication, je voudrais interroger les possibilités méthodologiques offertes par l’enquête de terrain (Cefaï, 2003) pour éclairer la diversité, le rôle et les interrelations entre les acteurs de la décision dans les opérations de réaménagement des espaces publics. La communication s’appuiera sur l’expérience et les données empiriques d’une enquête de terrain réalisée de 2012 à 2014 sur la politique de « revitalisation urbaine » dans le territoire du canal à Bruxelles. Elle suivra l’hypothèse suivante : le recueil in situ des indices de la décision permet de retracer des processus décisionnels complexes et pas forcément guidés par un volontarisme politique ferme, impliquant des acteurs invisibles dans la documentation officielle encadrant ce type d’opérations publiques. En montrant que les logiques de production des espaces publics

« revitalisés » peuvent être contradictoires, en soulignant que la vision normative d’une ville

à fluidifier (Lannoy, 2004) coexiste avec des représentations de formes de ségrégation et de cloisonnements spatiaux acceptables, je voudrais questionner l’idée commune d’une politique menée par des pouvoirs publics concertés et cohérents du point de vue de leurs rationalités stratégiques. Dans le contexte européen et post-fordiste de la disparition d’un modèle d’action sur la ville de type planificateur-hiérarchique au profit d’un modèle de type négocié-pragmatique (Chadoin, 2014), le rôle des influences réciproques entre des opérations réalisées aux différents niveaux de pouvoir concernés (local, régional, fédéral, européen) et ajustées à différents contextes locaux apparaît considérable. Les diverses opérations menées parallèlement se donnent mutuellement et sans coordination préalable à la fois de la « matière » à travailler et une forme de légitimité pour réaliser leurs propres ambitions. Dans ce cadre, les urbanistes et architectes semblent jouent un rôle dans les processus décisionnels et même occuper une place centrale dans le gouvernement urbain. En raison sans doute de leur légitimité esthétique actuelle (Chadoin, 2014), ils possèdent une importante marge de manœuvre dans la conception des nouveaux espaces publics et parfois même une place de conseiller du Prince ou de partenaires de décideurs qui font confiance à l’efficacité sociale supposée de l’espace – dont ces acteurs ont l’expertise.