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Quelle politique de cohésion sociale à Bruxelles ?

  • Zibouh, Fatima  (ULG, CEDEM)

Abstract

Plusieurs travaux ont contribué à l’analyse fine des politiques publiques en Belgique à l’égard des personnes étrangères et d’origine étrangère. Les thèses de doctorat de Andrea Rea (1999) et d’Adam (2010) ont largement enrichi la production scientifique sur ces questions. La démarche, ici, s’inscrit plutôt dans une analyse plus spécifique des politiques dites de « cohésion sociale » en Région bruxelloise. Au niveau méthodologique, l’analyse est basée sur l’examen des déclarations politiques de 1989 à aujourd’hui, sur des entretiens avec des membres de cabinet ministériel et d’acteurs tant institutionnels qu’associatifs, mais aussi sur la lecture de toute une série de documents portant sur les politiques de cohésion sociale. Cet exercice a permis d’identifier, dans une perspective cognitive, les idées, les représentations et les valeurs portées par ces différentes politiques et de les envisager dans leur évolution, à travers les trois dernières décennies.

Au début des années 1990, l’orientation des politiques bruxelloises va être impulsée par le Ministre-Président, Charles Picqué pour qui « l’intégration économique et sociale de la population issue de l’immigration prime sur l’intégration culturelle » (Adam, 2013 :68). En outre, ces politiques s’inscrivent dans des politiques liées aux appartenances territoriales et non plus aux caractéristiques individuelles du public cible. Une circulaire intitulée « intégration et cohabitation des communautés locales » organise la politique de cohésion sociale durant 10 ans, entre 1993 et 2002. Nous verrons que, contrairement à la Flandre ou à la Wallonie, l’orientation politique de la Région bruxelloise est axée sur l’intégration des personnes issues de milieux défavorisés (et pas issues de l’immigration) et sur l’insertion sociale. En 2004, un décret «cohésion sociale» donne une nouvelle orientation à la politique des quartiers et des personnes issues de milieu défavorisé. Il est important de noter l’absence dans les textes légaux de toute référence aux dimensions culturelles ou ethniques, bien que ce décret vise principalement ces personnes. À travers ce constat, se pose l’enjeu de la reconnaissance des spécificités culturelles des personnes issues de l’immigration au niveau du cadre de pensée qui sous-tend les politiques publiques. Cette question sera au cœur de cette contribution.