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›  Les gardiens de la paix, la commune et la police : les aléas de la lutte contre le sentiment d’insécurité dans une commune bruxelloise

Les gardiens de la paix, la commune et la police : les aléas de la lutte contre le sentiment d’insécurité dans une commune bruxelloise

  • Francou, Lionel (UCL, CriDIS)

Abstract

Les gardiens de la paix bruxellois font partie de ces nouveaux métiers de la prévention et de la médiation sociale qui se sont développés ces vingt dernières années, notamment en Belgique et en France. Ces agents parcourent des territoires de taille réduite, à l’échelle locale, principalement pour assurer une présence visible (pensée comme rassurante) et tenter de dialoguer avec la population, de « créer du lien social », de « réduire l’insécurité », etc.

Dans une volonté d’approcher l’action publique « par le bas », j’ai réalisé une enquête ethnographique dans une commune bruxelloise mettant en avant les pratiques et les difficultés de ces agents et du dispositif d’action publique dans lequel ils évoluent. L’analyse de deux années des rapports qu’ils écrivent a complété ces observations.

La communication mettra en avant les difficultés rencontrées par ces professionnels pour trouver un sens à leur travail et lui donner des formes concrètes sur le terrain. En effet, si la loi qui détermine leurs missions a été définie par le fédéral, les missions qu’elle leur attribue sont plus que floues, ce qui a pour effet que ces agents les adaptent et les réécrivent à l’aune de la réalité sociale rencontrée dans leur commune. La commune étudiée, dans la seconde couronne de Bruxelles, ne reproduit pas non plus la forme visée par un dispositif créé initialement pour des territoires plus centraux et densément peuplés. Cette contagion de ce référentiel d’action publique ne va pas de soi et implique, de la part des agents, des adaptations et des arrangements.

Ils sont particulièrement soucieux du maintien des conditions nécessaires à l’« ordre de l’interaction », à la fois ordre « moral » et « public », vu comme un préalable indispensable au vivre-ensemble. Censés faire remonter les informations du terrain à l’attention des autorités locales, ces dernières ne les prennent pas toujours en compte et les informent rarement des suites données, ou non, à leurs signalements. Leurs relations à la police s’avèrent aussi compliquées, notamment de par l’incompréhension, par la police, de leur rôle, et donne lieu à une indifférence polie, à des situations de conflit ainsi qu’à des relations de pouvoir inégales. L’organisation communale des gardiens de la paix entre aussi en conflit avec l’organisation zonale des services de police et créée des situations compliquées sur le terrain.