Celis K. et Opello K., « La professionnalisation de la représentation substantive des femmes : Une réflexion sur les acteurs et les processus » (ST 7)

Celis K. et Opello K., « La professionnalisation de la représentation substantive des femmes : Une réflexion sur les acteurs et les processus » (ST 7)

Karen Celis (Vrije Universiteit Brussel, Belgique)

Katherine Opello (City University of New York, USA)

Discutant : Audrey Vandeleene (Université catholique de Louvain, Belgique)

Ce chapitre s’appuie sur la littérature sur la représentation substantive des femmes et s’inscrit dans une conception large de celle-ci, à savoir un processus complexe et interactif incluant de multiples sites, acteurs et motivations. Pour cette raison, la représentation substantive des femmes ne se limite pas aux femmes dans les parlements représentant les enjeux et les intérêts féminins. On sait par exemple que toutes les femmes élues ne cherchent pas à promouvoir les préoccupations des femmes et que certains hommes le font. En outre, les recherches sur les mouvements de femmes et les agences étatiques de promotion des droits des femmes suggèrent que d’autres acteurs peuvent aussi promouvoir les femmes en tant que groupe, de manière aussi passionnée et efficace ou peut-être avec un plus grand succès que les femmes élues.

Toutefois, prendre leur rôle au sérieux suppose de prêter attention à une large gamme d’acteurs potentiels actifs à différents niveaux. Cela implique d’examiner comment un grand nombre d’acteurs (parlementaires, ministres, membres de partis politiques, bureaucrates, membres de la société civile, experts, syndicats, organisations patronales et cours) se mobilise en faveur de la représentation substantive des femmes aux différents niveaux de gouvernement (local, régional, national et supranational) et dans différents forums politiques.

Par conséquent, en tant que processus, la représentation substantive repose sur des interventions par des acteurs variés dans différents sites et points des processus politiques. La reconnaissance du fait qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de représentants individuels mais que cette forme de représentation implique les agences étatiques qui collaborent souvent avec les mouvements de femmes pose des questions sur la professionnalisation de la représentation substantive des femmes. Ce chapitre s’interrogera donc sur les implications d’une représentation substantive par des « corps professionnels » (par exemple les agences de droits des femmes) en comparaison avec la représentation par des femmes élues. Alors que cette dernière peut être guidée par des motivations personnelles, la première inclut souvent des acteurs moins féministes et, dans le cas du gender mainstreaming, des acteurs qui ne sont pas féministes, voire anti-féministes. En outre, tandis que les femmes élues sont responsables devant les femmes dans la société, ce n’est pas nécessairement le cas des agences étatiques. La représentation substantive des femmes par des agences étatiques présente aussi une autre nature et une autre cible. En théorie, elles travaillent sur le genre et l’égalité de genre et elles doivent de plus en plus démontrer le résultat de leur action. Cela contraste avec l’approche plus large des femmes élues et leurs sources plus politiques, idéologiques et personnelles de représentation.

Section thématique 7 : La professionnalisation des luttes pour l’égalité de genre et les effets de la crise. Enjeux théoriques et politiques
Session 2, jeudi 10 avril 2014, 14h00-16h30