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›  Delmas C., « L’externationalisation de l’expertise partisane. L’exemple du sport au Parti socialiste en France » (ST 3)

Delmas C., « L’externationalisation de l’expertise partisane. L’exemple du sport au Parti socialiste en France » (ST 3)

Delmas C., « L’externationalisation de l’expertise partisane. L’exemple du sport au Parti socialiste en France » (ST 3)

Corinne Delmas (Université Lille 2, France)

Discutant : Frédéric Bouhon (Université de Liège, Belgique)

Tout en reconnaissant la fonction programmatique comme l’une des principales caractéristiques de l’activité partisane, l’étude des partis politiques a longtemps négligé leur utilisation des experts. Pourtant, la banalisation du recours à ces spécialistes semble aller de pair avec une personnalisation du pouvoir ; l’affirmation, ces dernières années, de groupes de « think tanks » partisans, en lien avec l’affaiblissement de la légitimité militante et idéologique de partis politiques, peut, pour sa part, être appréhendé comme un symptôme et une conséquence de la « crise » des partis politiques. La communication se propose d’éclairer le rôle majeur et croissant joué par les réseaux d’experts au sein du Parti socialiste (PS) en France et d’interpréter leur diversification. Ce phénomène très apparent pour le Labour a été moins étudié en ce qui concerne le PS ; plusieurs recherches récentes montrent pourtant tout l’intérêt d’une telle étude. Celle-ci peut être particulièrement éclairante sur la crise supposée des partis et de la démocratie. La communication abordera ce rôle et ces multiples enjeux à partir de l’exemple du sport et sera fondée sur une étude documentaire, sur archives, par observations (des réunions de la commission sport) et par entretiens (avec des responsables au PS et à Terra Nova) ; elle se propose d’analyser les changements organisationnels en matière de prise en charge des questions sportives au sein du parti socialiste en lien avec la transformation de ce dernier en « parti d’élus », coupé de sa base associative et militante dont le cas sportif est particulièrement révélateur. Courtisés pour leurs compétences, les experts le sont aussi pour les contacts qu’ils permettent d’établir avec des milieux utiles à l’action gouvernementale. Présentée comme participant à une « ouverture sur la société civile », cette sollicitation d’experts membres du parti, voire simple sympathisants, remplit plusieurs fonctions : programmatique, d’information, de légitimation, de valorisation du travail du secrétaire national en charge du sport, de courroie de transmission avec les élus locaux (prioritairement en charge de ces questions), etc. L’histoire chaotique, la composition, le rôle flou de la commission en charge du sport, ainsi que ses liens avec le ministère en place et son affirmation contemporaine, sont exemplaires de ces enjeux multiples et parfois contradictoires. L’élaboration du projet socialiste sur le sport, et la prise en charge de la question sportive par le think tank « Terra Nova » qui, dès 2008, met en place deux groupes de travail sur le sport et dont l’animateur du pôle sport assiste Valérie Fourneyron dans l’équipe de campagne de François Hollande, sont pour leur part révélatrices à la fois des enjeux ponctuels d’une politisation du sport et de la persistance des logiques de courants. Appréhender ces commission et groupes de travail, qui peuvent à certains égards être perçus comme des formes d’alternatives fonctionnelles à l’adhésion et/ou au militantisme, contribuant par ailleurs à la promotion de procédures plus démocratiques en matière d’élaboration de programme, particulièrement révélateurs des changements internes au parti, impliquera cibler les processus qui les ont portés, leur implication sur l’équilibre du parti en tant qu’organisation.

Section thématique 3 : Crise des partis, crise de la démocratie ?
Session 1, jeudi 10 avril 2014, 14h00-16h30