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›  ST 13 : Le régime climatique en politique : logiques temporelles et formes de controverses

ST 13 : Le régime climatique en politique : logiques temporelles et formes de controverses

ST 13 : Le régime climatique en politique : logiques temporelles et formes de controverses

Organisateurs :

– Grégory Piet, Université de Liège, gregory.piet@ulg.ac.be
– Francis Chateauraynaud, École des hautes études en sciences sociales
– François Gemenne, FNRS CEDEM – Université de Liège / CEARC – UVSQ

Le régime climatique en politique : logiques temporelles et formes de controverses

Si les sommets de Rio (1992) et de Kyoto (1997) ont contribué à la visibilité, à la prise de conscience et à la mise à l’agenda du changement climatique, ils ont également entraîné diverses formes de contestation. Quant aux sommets suivants préparant l’après-Kyoto, ils ont été qualifiés, par bon nombre d’acteurs politiques et d’observateurs, d’échecs face aux défis climatiques à moyen et long termes. Force est de constater que le débat sur le climat n’a pas été un long fleuve tranquille depuis la fin des années 1980. Nous proposons donc au départ de cette Section thématique de revenir sur l’évolution de la prise en compte du changement climatique au travers, d’une part, de sa mise à l’agenda politique et, d’autre part, des formes de critique ou de relativisation qui se développent dans les discours des acteurs politiques.

Séance 1. Régime climatique en politique et logiques temporelles : bifurcations et turbulences.

Cette évolution quelque peu chaotique, en tout cas non-linéaire, faite de longues périodes de silence, suivies de fortes périodes d’agitation, se nourrit de rebondissements, de turbulences, de bifurcations, de changements travaillés par les événements (Bensa, Fassin, 2002 ; Bessin, et al., 2010), et parfois de crises. Cet « imbroglio de désaccords hétérogènes » (Guillemot, Aykut, 2013), nous proposons de les analyser à la lumière de la notion de Turning Points (Abbott, 2001 ; Bessin, et al., 2010 ; Chateauraynaud, 2011a) dont il s’agit d’évaluer la fécondité pour l’analyse des débats et des politiques publiques. Cette première séance visera à faire émerger des trajectoires différentes suivies par les Etats – qu’ils appartiennent, ou non, à des aires géographiques, politiques, distinctes. La comparaison des trajectoires se fera lors des discussions entre des papiers qui pourraient ne présenter qu’une évolution temporelle d’un Etat donné.

La prise en compte du temps long est absolument nécessaire pour appréhender les crises et débats politiques sur le climat. Il impose, en effet, aux acteurs politiques de se projeter sur une échelle temporelle, qui rompt avec la logique de leurs propres actions politiques (Chateauraynaud, 2013a) et qui se situe en dehors du temps du politique (Pomian, 1984). Cette confrontation de temporalités multiples participe donc au développement des crises politiques que connaît l’évolution des débats sur le climat. Et nous posons comme hypothèse qu’elles sont globalement différentes d’un Etat à un autre.

Séance 2. Régime climatique en politique et formes de controverses : critique environnementale et climatique.

Une argumentation climatique s’est également développée dans les discours politiques, venant nourrir une critique environnementale et climatique et influencer quasiment l’ensemble des débats politiques actuels : l’environnement, les politiques énergétiques (gaz de schiste, sortie du nucléaire, etc.) (Chateauraynaud, 2011b ; Piet, 2013b), les politiques migratoires (‘réfugiés’ climatiques, par exemple), les politiques industrielles, les politiques des transports, les relations internationales (notamment au prisme des négociations internationales), la santé, les technologies, l’économie, etc. Pour cette seconde séance, il nous intéressera de questionner la critique environnementale et climatique. Elle influence aujourd’hui la représentation des acteurs politiques dans toutes les politiques publiques et met en tension le présent, le passé et le futur. Cette critique encourage à prendre en considération la place de l’Homme et de son empreinte sur la planète. Elle incite également à repenser la participation et l’intégration d’agendas à très long terme dans la prise de décision (Bourg, Papaux, 2010 ; Gauchet, 2010 ; Rosanvallon, 2010). Si la transformation de nos modes de fonctionnement est au cœur de cette critique environnementale et climatique, il nous intéressera de comparer la manière dont les acteurs politiques mobilisent cette critique. Comment la critique et le vocabulaire associé évoluent-il ? La prise en compte de la vulnérabilité de nos sociétés, par exemple, et leur adaptation au changement climatique apportent un élément nouveau dans les agendas politiques et transforment la manière de penser la société (Aykut, Dahan, 2011 ; Zaccai, et al., 2012 ; Tubiana, et al., 2010). Toutefois, si le rôle de l’activité humaine dans le changement climatique est de plus en plus intégrée dans les discours des acteurs politiques, une tension subsiste entre critique sociale et critique environnementale et climatique (Chateauraynaud, 2013b). Agenda climatique et développement humain sont ainsi de plus en plus mis en tension par ces mêmes acteurs politiques. L’hypothèse que nous posons pour cette seconde séance porte sur la naissance d’un clivage de plus en plus prégnant au sein des discours politiques entre « adaptation de l’agenda climatique au développement humain » et « adaptation du développement humain à l’agenda climatique ».

Intervenants:

Session 1 : jeudi 10 avril 2014, 10h00-12h30, salle S50, bâtiment A4

– Véra Ehrenstein, « Les négociations internationales sur le climat, un processus quasi juridique qui maintient sa propre fragilité »
– François Gemenne et kari De Pryck, « Une histoire politique du GIEC »
– Morgan Jouvenet, « La stratosphère et sa science saisies par le politique. Les turbulences des années 1970 en France »
– Lionel Scotto d’Apollonia, « Mme Michu et les politiques climatiques »

Session 2 : jeudi 10 avril 2014, 14h00-16h30, salle S50, bâtiment A4

– Stefan C. Aykut, « Politiser le futur énergétique. Une histoire des scénarios de transition énergétique en Allemagne »
– Gregory Piet, « Attention politique, approches discursives et changements politiques. Le débat politique belge sur le changement climatique depuis les années 1980 »
– Baptiste Campion, « Tension entre science et politique dans les échanges en ligne relatifs aux changements climatiques »
– Antonin Pottier, « Le discours climato-sceptique : une rhétorique réactionnaire »