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Mendjeli R., « Crise de l’idéologie républicaine ou peur de penser l’autre ? » (ST 11)

Mendjeli R., « Crise de l’idéologie républicaine ou peur de penser l’autre ? » (ST 11)

Rachid Mendjeli (Sciences Po Grenoble, France)

Discutant : Pierre Verjans (Université de Liège, Belgique)

Depuis les années quatre vingt la notion de crise de l’idéologie républicaine est aborder, en France, à travers la question de l’école (Dubet, 1987), du foulard islamique, (Balibar, 2004), et plus généralement de la laïcité et de l’islam. Quels sens faut-il donner à ces usages de la notion de crise ? L’émergence de la notion de crise de l’idéologie républicaine interroge plus généralement la relation à l’autre et les formes de légitimités des rapports entre l’Etat républicain moderne et le citoyen. Ainsi, selon Cassirer l’idéologie est un mécanisme de défense face à la crise et à la rupture du lien social . Dès lors ne faut-il pas interpréter la crise de l’idéologie républicaine comme l’un des symptômes et des effets de la crise de l’économie capitaliste et de l’Etat providence ? En France, comme le rappelle Claude Nicolet, la République ne connaît que l’intégration ou la sujétion . L’idéologie républicaine peut-être interpréter en se sens comme l’expression d’une violence symbolique de l’idéologie dominante. Cependant elle se nourrit paradoxalement d’une amnésie politique qui puise ces racines dans la peur de penser l’autre issue de l’histoire et de la tradition coloniale et de l’héritage des lumières. Dans cette perspective cette communication s’inscrit dans le cadre d’une sociologie des savoirs et des croyances des milieux intellectuels et politiques en France. En effet, Michel Foucault avançait en 1969 l’hypothèse de la peur de penser l’Autre dans le temps de notre propre histoire, pour expliquer l’impossibilité pour l’histoire des sciences humaines de penser les discontinuités, les différences, les transformations, les ruptures et les seuils anthropologiques . Il traçait ainsi l’itinéraire d’une sociologie des mutations du paradigme de l’histoire continue. L’idéologie républicaine est le ferment de l’idéalisme de la philosophie du progrès social. Elle est au fondement de la représentation légitime du sujet que véhicule l’idéologie contemporaine des droits et des devoirs et du manuel du citoyen de la troisième république . On se propose d’interroger les usages politiques et les représentations sociales de l’idéologie républicaine à partir d’une généalogie des héritages et des filiations politiques qui marquent une rupture avec l’Etat providence et la continuité avec l’universalisme des lumières. Il s’agit d’explorer les discours sur la laïcité et les récits sur l’idéal de l’idéologie républicaine dans le champ littéraire et politique. Les discours actuels sur la crise de l’idéologie interrogent de fait la théorie politique de la citoyenneté issue de la Révolution Française. Ils ouvrent une réflexion sur la place de l’idéologie politique et de la crise des idéologies dans les rapports entre les phénomènes de « rupture révolutionnaire » et de « rupture épistémologique ».

Section thématique 11 : Gouvernance globale : réponse à la crise ?
Session 2 : jeudi 10 avril 2014, 14h00-16h30