Enseignants contractuels dans l’éducation de base au Sénégal : complexité de la mise en œuvre d’une politique publique au sud

• Barro, Aboubacar Abdoulaye (Université Cheik Anta Diop, Sénégal)

Abstract

Le recrutement massif d’enseignants (autour de 4000 par an aujourd’hui) constitue un véritable enjeu pour toute la clientèle politique : cooptation de candidats menuisiers, mécaniciens ou vendeurs à la sauvette dans l’enseignement. Néanmoins, l’entrée massive de contractuels dans le système éducatif est vécue différemment par les acteurs du système et par les usagers. Pour les syndicats traditionnels et certains mouvements sociaux, cette politique est un moyen de « précarisation » de la fonction enseignante favorisant du même coup la baisse de la qualité des enseignements (Forum des Peuples, Kita, Mali, 2004). Les contractuels, en particulier les premières générations (1995 – 2000) développeront un discours différents. Pour la majorité d’entre eux, l’entrée dans l’enseignement constitue le premier emploi. Malgré leur situation précaire et les cas de fraudes massives, ils développent des rhétoriques professionnelles tendant à défendre leur position.

Ces prises de positions montrent la complexité de l’administration. Ce projet, fortement critiqué par une bonne partie des acteurs a permis en vingt ans d’intégrer des dizaines de milliers de jeunes dans la fonction publique. Mais au niveau politique, il éclate le mouvement syndical en plusieurs entités rendant le processus démocratique très vulnérable. Le PVE a rendu plus difficile la mobilisation des acteurs sociaux pris eux également dans des logiques d’accès aux ressources publiques.

Texte de la communication